dimanche 22 septembre 2019

La malédiction d’être fille


Sidérant, glaçant, sont les deux qualificatifs qui me viennent à l’issue de la lecture de ce livre.
C’est un peu par hasard qu’il est arrivé entre mes mains ; la remise à l’auteur du prix ″Livre et droits de l’homme‶ pour cet ouvrage, suivie d’un entretien d’une grande richesse.

Dominique Segaud s’empare d’un sujet hautement sensible, celui des violences faites aux filles. Il est le fruit d’un travail de longue haleine dans de nombreux pays, mais aussi chez nous !

Dans un premier lieu, l’auteur s’attache à lister, définir et illustrer toutes les violences faites aux filles, et ce depuis la vie intra-utérine. De toutes c’est le filiacide (le fait de tuer sa propre fille) qui m’a le plus stupéfaite dans la mesure où je ne croyais pas cette pratique aussi institutionalisée et répandue. Dans la mesure où dans la plupart des cas et des pays les statistiques manquent, l’auteur fait beaucoup de recoupement pour tenter d’illustrer son propos.

Dans un second lieu, Dominique Segaud dresse une géographie des violences en s’attardant sur la France, les Etats Unis, l’Inde et l’Egypte. Chacun a sa ‶spécialité ‶, si je puis m’exprimer ainsi…

Je retiens en particulier qu’en France on refuse de considérer l’inceste comme un crime à part entière, et qu’il ne constitue qu’un facteur aggravant au viol sur mineur, que les statistiques sur le viol sont très approximatives et que notre pays est en tête de classement (pour les pays occidentaux) en ce qui concerne les agressions sexuelles sur mineures ! Sidérant et glaçant, vous dis-je !

L’Inde ‶ s’honore″ à tuer ses petites filles in-utero, ou juste après la naissance …
L’Égypte ″ préfère‶ les mutiler…

Sidérant et glaçant, j’espère que vous me croyez !!

La malédiction d’être fille de Dominique Sigaud, chez Albin Michel (Septembre 2019, 240 pages)

Dominique Sigaud-Rouff journaliste, essayiste et romancière, articule son travail autour de l’idée de témoignage, d’engagement, de responsabilité de l’écrivain.


Elle a notamment publié La Vie là-bas comme le cours de l’oued (Gallimard, 1996), Blue Moon (Gallimard, 1998) et chez Actes Sud, The Dark Side of the Moon (2004), Aimé (2006) et L’Inconfort des ordures (2007), Dans nos langues, éditions Verdier.

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