La première guerre
mondiale n’a pas fini d’inspirer les écrivains, et ces derniers ne sont pas en
reste pour se renouveler par rapport à leurs ainés tant il y aurait à dire.
Ici l’auteur s’inspire
librement de son grand-père pour offrir une fresque historique dans laquelle le
suspense prend une large place.
Nous sommes à la fin du
conflit, à l’heure où les belligérants se doivent d’identifier, autant que
faire se peut, leurs morts afin de leur offrir une sépulture digne de leur
engagement, et sacrifice au service de leurs nations. Le nord, de la France où
se déroule l’action, et l’est en savent quelque chose quand s’étendent à perdre
de vue les croix blanches alignées sur des terres soigneusement entretenues.
Amy, est une jeune fille
de très bonne famille. Elle s’est éprise pu avant la guerre d’un jeune homme,
instituteur et musicien à ses heures, mais hélas pas assez bien pour elle selon
les critères de sa famille. Il s’engage, et sera porté disparu. C’est sans
compter sur la ténacité d’Amy qui portée par son amour brulant, part sur les
champs de batailles à la recherche de son amoureux. Les pieds dans la glaise
des tranchées encore fumantes, jonchées de cadavres, et de morceaux de corps,
elle s’obstine, et part à la recherche de tous ceux qui auraient pu à un moment
donné croiser le chemin d’Edward. Seulement voilà, non seulement on n’y
découvre pas que des cadavres de guerre, et puis Amy fait la connaissance de
personnes qui n’ont pas tout à fait les mêmes intérêts qu’elle.
A ce stade de mon avis, je
n’en dirai pas d’avantage, si ce n’est que ce ne sera qu’à la toute dernière
page que le lecteur aura la clé de l’énigme.
Entre temps, c’est sous un
angle original et surtout mal connu que nous allons cheminer entre ce qui se
passe sur le terrain, les flash-backs et quelques lettres, nous enfoncer dans
les méandres assez peu reluisant d’une des plus grandes boucheries de notre
monde moderne ; on ne se contentait pas d’envoyer au feu nos jeunes hommes,
on les droguait pour leur donner du courage.
J’ai beaucoup aimé la
trame historique, et l’angle de point de vue ; j’ai apprécié le travail
que l’auteur a fait sur ses personnages, en particulier Amy et par ricochet le
rôle des femmes durant ce conflit, véritables héroïnes de l’ombre. En outre, l’auteur
a bien su faire ressortir l’ambiance crasse et morbide de l’époque. Il faut
souligner à ce stade le beau travail de traduction d’Elodie Leplat.
En revanche je reste un
peu sur ma faim sur le côté thriller du roman qui n’a m’a que moyennement
convaincue.
Comme si nous étions des
fantômes de Philip Gray, traduit de l’anglais par Elodie Leplat aux éditions
Sonatine (Septembre 2023,503 pages)
Philipe Gray est un
écrivain anglais né en 1973.
Il a étudié l’histoire à
Trinity College de l’Université de Cambridge. Il a ensuite travaillé pendant
neuf ans comme journaliste à Madrid, Rome et Lisbonne.
De 1993 à 2001, il a
co-écrit six romans sous le pseudonyme de Patrick Lynch. En 2005, il publie
"Zola's Gold" (2005), son premier roman solo, sous le nom de Philip
Sington.
Le grand-père de Philip
était capitaine dans le régiment de fusiliers du Lancashire et a combattu
pendant la Première Guerre mondiale. L'auteur s'est inspiré de son histoire
pour écrire "Comme si nous étions des fantômes" ("Two Storm Wood",
2022).
Philipe Gray est
aujourd’hui à la tête d’une société de production de documentaires spécialisés
dans l’histoire.
Il vit à Londres avec sa
femme allemande et leurs deux enfants.