dimanche 13 mars 2022

Nos vies en flammes

 

Ray Mathis est un homme brisé. Il a perdu sa femme d’un cancer, son fils s’enfonce dans la déchéance et la drogue ; il vit seul dans une femme au milieu de nulle part dans les Appalaches. La région est dévastée par le chômage ; les usines ferment, les mines sont de moins en moins rentables. La région s’enfonce dans la pauvreté, et ses habitants dans la précarité. Il n’y a plus grand-chose à y faire, à part se shooter, ou entretenir le trafic. Pour ne rien arranger, les milieux naturels n’étant pas entretenus, faute de moyen, et de bonne volonté, les incendies font rage.

Dans ce contexte Ricky,le fils de Ray se retrouve aux mains de ses créanciers.

Vous pouvez prendre la direction que vous voulez, honnêtement ça ne change rien pour moi. Payez-moi mon dû, ou enterrez votre fils. Telles sont vos options. 

Contre toute attente, alors qu’on croyait Ray décidé se laisser vivre, entend la révolte au fond de lui et tente de repartir au combat.

″ Quand vous étiez le père d’un junkie, il y avait toujours cette ambivalence, parce que vous voyez la même chose se répéter pendant des années et des années, et vous saviez au fond de vous que vous ne pouviez rien faire pour l’empêcher. Mais au bout du compte, ce garçon recroquevillé dans ce lit demeurait votre fils, et c’était toujours ça qui l’emportait. 

Sans doute qu’il est déjà trop tard. Peu importe que Ray évolue au milieu de loosers, que l’emprise des opiacées, de la meth ou de l’héroïne soit plus forte que le reste, Ray va tenter le tout pour le tout. Ray est avant tout un père, sans doute animé d’un fond de culpabilité, mais un père soucieux de sauver son enfant quoi qu’il lui en coutât.

David Joy, au fil de ses romans, nous montre comment la désespérance s’installe désormais au cœur des communes rurales, alors que c’était auparavant l’apanage des métropoles.

J’ai trouvé ce dernier opus particulièrement noir et déprimant. Et pourtant, c’est sans doute le plus déchirant, et le plus profond de ses quatre romans déjà traduits en France.Ce roman illustre parfaitement le scandale de santé publique outre-Atlantique à propos des opiacées; un scandale entretenu par des laboratoires cyniques et cupides. L'éditeur a d'ailleurs publié en fin d'ouvrage un article de l'auteur qu'avait fait paraître l'excellent revue America durant les 4 ans de présidence de Trump.

Nos vies en flammes de David Joy, traduit de l’américain par Fabrice Pointeau aux éditions Sonatine (Janvier 2022,350 pages)

David Joy est un écrivain américain né en Caroline du nord en 1983.

Il est l'auteur de "Là où les lumières se perdent", "Le Poids du monde", "Ce lien entre nous" et "Nos vies en flamme".

 

1 commentaire:

  1. Rebonsoir, un roman qui m'avait été recommandé, pas mal mais un peu trop noir à mon goût. Et il m'a manqué quelque chose mais je ne sais pas quoi. Je ne l'ai pas chroniqué sur mon blog. Bonne soirée.

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