« Bon Dieu, il ne comprenait rien lui-même ! Parfois il fallait une bouteille de Bushmills pour le mettre au lit. Honnêtement qu’il fasse nuit ou jour, tout ce qu’il voyait, c’étaient les morts. Parfois les femmes. Et les adolescentes, des filles comme Rebecca. Toutes parties, bousillées comme pas possible. »
Il y a des livres qui prennent le temps de s’installer, et qui ne s’apprivoisent pas dès les premières phrases. Il y en a d’autres, au contraire, qui telle une pince invisible vous accroche dès les premières lignes et qui ne vous lâchent plus une semelle. Les anges de New York est de cette seconde catégorie : une fois dedans, plus moyen de vous en échapper ; la nuit, le jour, la brosse à dent ou la casserole à la main, le livre dans l’autre, devant un distributeur de tickets de cinéma ….
Le premier chapitre s’ouvre sur une scène qui ne vous laissera aucun répit. Dans son style bien à lui, avec son langage de flic aguerri, vous voilà scotché, et embarqué avec Parrish pour un voyage au cœur d’une institution new-yorkaise aux 4 lettres légendaires bien connue des amateurs de séries américaines. Oui, mais sauf que là, ce n’est pas du cinéma, c’est du brut de décoffrage, pas question de flic bien propre sur lui, un peu trop lisse, et à la trop belle gueule.
Parrish, c’est autre chose. C’est plutôt le looser de service, largement penché sur la boisson, privé de permis de conduite, sous le coup d’une exclusion de la police, il a perdu en route un de ses hommes. Rien ne va, ni dans son travail, ni dans sa famille. De ce côté-là aussi, il traine quelques casseroles, a ses zones sombres, l’ombre d’un père lui aussi flic, deux enfants avec lesquels il est en conflit, une ex-femme. Le passé le hante, il a mal au père.
C’est avec un homme accablé, rongé par la haine et l’alcool, un homme au bord du précipice, un coriace, un dur, un type qui aura bien du mal à fendre l’armure, que nous cheminons. Un type douloureux, un looser, un raté, qui foire tout ce qu’il touche.
« Bon sang, vous me connaissez ! Je dépose un fardeau plein de merde et j’en ramasse immédiatement un autre. »
A première vue, rien de bien excitant… et pourtant… Il est attachant, Parrish. Combien de fois, j’ai eu envie de lui donner du jus de fruit, à la place de son breuvage obscure .Parrish est un flic droit, investi dans sa mission. Quand les cadavres de jeunes filles s’amoncellent, il ne renonce pas, il cherche, veut savoir, réfléchit. D’accord, parfois il dépasse la ligne jaune, mais c’est toujours pour la bonne cause.
« Que même quand les gens font les choses de la mauvaise manière, ils peuvent les faire pour de bonnes raisons. »
Flanqué d’un adjoint, Raddick, chargé de le surveiller, et avec lequel il aura quelques démêles, il va" aller au charbon", comme on dit. Il veut en avoir le cœur net. Il est un père au fond de lui. Raté peut-être, mais pas un salaud. Il y a des choses avec lesquelles on ne badine pas.
Parrish, c’est l’homme, le faux dur, le petit garçon, qui quand il vient de morfler au boulot, accourt chez Eve, la pute de service, mais avant tout la confidente, et l’épaule tendre et désintéressée.
Parrish c’est le type au pied du mur, sommé d’aller déballer ses affaires, chaque jour, chez une psy qui ne va pas le ménager. La renaissance est à ce prix. Pour avancer, et pour rester flic, il va lui falloir faire la paix avec lui, solder ses comptes avec ce père dont l’image publique est si différente de celle qu’en a le fils. Il va lui falloir remette tout à plat avec l’aide de Marie dans le rôle de fouilleuse d’âme.
Parrish, c’est tout cela à la fois. C’est pour cela qu’on s’y attache si vite, et qu’on ne réfléchit pas avant de partir avec lui. On ne sait pas très bien, où l’on va, mais on y va. On ne sait pas très bien comment l’on va en sortir, on ne sait pas très bien sur quel tordu on va tomber, mais on y va, les yeux fermés.
R.J Ellory signe là un bien bel ouvrage, il y a du rythme, de l’humour, des cadavres, de la vie. Ses personnages sont fouillés. C’est jusqu’au trognon, qu’il va creuser. Cela décoiffe, on ne s’embarrasse pas avec la sémantique, une pute est une pute.
Choisissez bien votre moment pour le lire, couper le téléphone au besoin, faites l’ours dans la tanière, laissez vos comptes, votre repassage….de toute façon, vous n’aurez pas d’autre choix.
Je remercie infiniment Fabienne Reichenbach des éditions Sonatine (dont les parutions ne m’ont jamais déçue) qui a eu la gentillesse de m’envoyer ce livre pour mon plus grand bonheur. C’est là mon premier coup de cœur littéraire de l’année.
4ème de couverture :
Frank Parish, inspecteur au NYPD, a des difficultés relationnelles. Avec sa femme, avec sa fille, avec sa hiérarchie. C’est un homme perdu, qui n’a jamais vraiment résolu ses problèmes avec son père, mort assassiné en 1992 après avoir été une figure légendaire des Anges de New York, ces flics d’élite qui, dans les années quatre-vingt, ont nettoyé Manhattan de la pègre et des gangs. Alors qu’il vient de perdre son partenaire et qu’il est l’objet d’une enquête des affaires internes, Frank s’obstine, au prix de sa carrière et de son équilibre mental, à creuser une affaire apparemment banale, la mort d’une adolescente. Persuadé que celle-ci a été la victime d’un tueur en série qui sévit dans l’ombre depuis longtemps, il essaie obstinément de trouver un lien entre plusieurs meurtres irrésolus. Mais, ayant perdu la confiance de tous, son entêtement ne fait qu’ajouter à un passif déjà lourd. Contraint de consulter une psychothérapeute, Frank va lui livrer l’histoire de son père et des Anges de New York, une histoire bien différente de la légende communément admise. Mais il y a des secrets qui, pour le bien de tous, gagneraient à rester enterrés.
Après avoir évoqué la mafia dans Vendetta, la CIA dans Les Anonymes, R. J. Ellory s’attaque à une nouvelle figure de la mythologie américaine, la police de New York. Avec ce récit d’une rare profondeur, qui n’est pas sans évoquer des films comme Serpico, La nuit nous appartient, ou encore Copland, Ellory nous offre à la fois un grand thriller au suspense omniprésent et le portrait déchirant d’un homme en quête de justice et de rédemption.
A propos de l'auteur:
R. J. Ellory est né en 1965 en Angleterre. Après avoir connu l’orphelinat et la prison, il devient guitariste dans un groupe de rythm’n’blues, avant de se tourner vers la photographie. Après Seul le silence, Vendetta et Les Anonymes, Les Anges de New York est son quatrième roman publié en France par Sonatine Éditions.
Il y a des livres qui prennent le temps de s’installer, et qui ne s’apprivoisent pas dès les premières phrases. Il y en a d’autres, au contraire, qui telle une pince invisible vous accroche dès les premières lignes et qui ne vous lâchent plus une semelle. Les anges de New York est de cette seconde catégorie : une fois dedans, plus moyen de vous en échapper ; la nuit, le jour, la brosse à dent ou la casserole à la main, le livre dans l’autre, devant un distributeur de tickets de cinéma ….
Le premier chapitre s’ouvre sur une scène qui ne vous laissera aucun répit. Dans son style bien à lui, avec son langage de flic aguerri, vous voilà scotché, et embarqué avec Parrish pour un voyage au cœur d’une institution new-yorkaise aux 4 lettres légendaires bien connue des amateurs de séries américaines. Oui, mais sauf que là, ce n’est pas du cinéma, c’est du brut de décoffrage, pas question de flic bien propre sur lui, un peu trop lisse, et à la trop belle gueule.
Parrish, c’est autre chose. C’est plutôt le looser de service, largement penché sur la boisson, privé de permis de conduite, sous le coup d’une exclusion de la police, il a perdu en route un de ses hommes. Rien ne va, ni dans son travail, ni dans sa famille. De ce côté-là aussi, il traine quelques casseroles, a ses zones sombres, l’ombre d’un père lui aussi flic, deux enfants avec lesquels il est en conflit, une ex-femme. Le passé le hante, il a mal au père.
C’est avec un homme accablé, rongé par la haine et l’alcool, un homme au bord du précipice, un coriace, un dur, un type qui aura bien du mal à fendre l’armure, que nous cheminons. Un type douloureux, un looser, un raté, qui foire tout ce qu’il touche.
« Bon sang, vous me connaissez ! Je dépose un fardeau plein de merde et j’en ramasse immédiatement un autre. »
A première vue, rien de bien excitant… et pourtant… Il est attachant, Parrish. Combien de fois, j’ai eu envie de lui donner du jus de fruit, à la place de son breuvage obscure .Parrish est un flic droit, investi dans sa mission. Quand les cadavres de jeunes filles s’amoncellent, il ne renonce pas, il cherche, veut savoir, réfléchit. D’accord, parfois il dépasse la ligne jaune, mais c’est toujours pour la bonne cause.
« Que même quand les gens font les choses de la mauvaise manière, ils peuvent les faire pour de bonnes raisons. »
Flanqué d’un adjoint, Raddick, chargé de le surveiller, et avec lequel il aura quelques démêles, il va" aller au charbon", comme on dit. Il veut en avoir le cœur net. Il est un père au fond de lui. Raté peut-être, mais pas un salaud. Il y a des choses avec lesquelles on ne badine pas.
Parrish, c’est l’homme, le faux dur, le petit garçon, qui quand il vient de morfler au boulot, accourt chez Eve, la pute de service, mais avant tout la confidente, et l’épaule tendre et désintéressée.
Parrish c’est le type au pied du mur, sommé d’aller déballer ses affaires, chaque jour, chez une psy qui ne va pas le ménager. La renaissance est à ce prix. Pour avancer, et pour rester flic, il va lui falloir faire la paix avec lui, solder ses comptes avec ce père dont l’image publique est si différente de celle qu’en a le fils. Il va lui falloir remette tout à plat avec l’aide de Marie dans le rôle de fouilleuse d’âme.
Parrish, c’est tout cela à la fois. C’est pour cela qu’on s’y attache si vite, et qu’on ne réfléchit pas avant de partir avec lui. On ne sait pas très bien, où l’on va, mais on y va. On ne sait pas très bien comment l’on va en sortir, on ne sait pas très bien sur quel tordu on va tomber, mais on y va, les yeux fermés.
R.J Ellory signe là un bien bel ouvrage, il y a du rythme, de l’humour, des cadavres, de la vie. Ses personnages sont fouillés. C’est jusqu’au trognon, qu’il va creuser. Cela décoiffe, on ne s’embarrasse pas avec la sémantique, une pute est une pute.
Choisissez bien votre moment pour le lire, couper le téléphone au besoin, faites l’ours dans la tanière, laissez vos comptes, votre repassage….de toute façon, vous n’aurez pas d’autre choix.
Je remercie infiniment Fabienne Reichenbach des éditions Sonatine (dont les parutions ne m’ont jamais déçue) qui a eu la gentillesse de m’envoyer ce livre pour mon plus grand bonheur. C’est là mon premier coup de cœur littéraire de l’année.
Les anges de NewYork, R.J Ellory
Sonatine Editions (15/03/2012)
550 pages
4ème de couverture :
Frank Parish, inspecteur au NYPD, a des difficultés relationnelles. Avec sa femme, avec sa fille, avec sa hiérarchie. C’est un homme perdu, qui n’a jamais vraiment résolu ses problèmes avec son père, mort assassiné en 1992 après avoir été une figure légendaire des Anges de New York, ces flics d’élite qui, dans les années quatre-vingt, ont nettoyé Manhattan de la pègre et des gangs. Alors qu’il vient de perdre son partenaire et qu’il est l’objet d’une enquête des affaires internes, Frank s’obstine, au prix de sa carrière et de son équilibre mental, à creuser une affaire apparemment banale, la mort d’une adolescente. Persuadé que celle-ci a été la victime d’un tueur en série qui sévit dans l’ombre depuis longtemps, il essaie obstinément de trouver un lien entre plusieurs meurtres irrésolus. Mais, ayant perdu la confiance de tous, son entêtement ne fait qu’ajouter à un passif déjà lourd. Contraint de consulter une psychothérapeute, Frank va lui livrer l’histoire de son père et des Anges de New York, une histoire bien différente de la légende communément admise. Mais il y a des secrets qui, pour le bien de tous, gagneraient à rester enterrés.
Après avoir évoqué la mafia dans Vendetta, la CIA dans Les Anonymes, R. J. Ellory s’attaque à une nouvelle figure de la mythologie américaine, la police de New York. Avec ce récit d’une rare profondeur, qui n’est pas sans évoquer des films comme Serpico, La nuit nous appartient, ou encore Copland, Ellory nous offre à la fois un grand thriller au suspense omniprésent et le portrait déchirant d’un homme en quête de justice et de rédemption.
A propos de l'auteur:
R. J. Ellory est né en 1965 en Angleterre. Après avoir connu l’orphelinat et la prison, il devient guitariste dans un groupe de rythm’n’blues, avant de se tourner vers la photographie. Après Seul le silence, Vendetta et Les Anonymes, Les Anges de New York est son quatrième roman publié en France par Sonatine Éditions.
Pour une un lieu, et, une personne dans le challenge Petit bac 2012 proposé par Enna.
Le thriller de service pour le challenge d'Emily.
Petite halte outre manche avec le challenge d'Anne .
Quelle critique Mimi et moi qui voulait te donner mon repassage à faire !!! quoique maintenant que tu l'as terminé ce livre !!!!
RépondreSupprimerDe Ellory, j'ai les anonymes qui m'attendent sur une étagère
Encore jamais lu cet auteur, je dois découvrir très bientôt "Seul le silence". Magnifique, ta critique !
RépondreSupprimerUn nouveau roman de Roger Jon, un coup de coeur... viiiiiite, je note !
RépondreSupprimerJ'ai lu les trois précédents et je les ai adorés, j'avais loupé la sortie de celui-là, merci d'y remédier !!!
RépondreSupprimerIl n'est pas sorti encore.....il faudra attendre le 15 mars.....
RépondreSupprimerCela faisait un bon bout de temps que je n'étais pas venu sur ton blog !! Mais quelle joie de recommencer !! R.J. Ellory, j'adore ; j'ai lu "Seul le silence" et "Vendetta". Ce sont deux livres que j'ai adorés. Je suis bien contente de voir que son nouveau livre marche bien. J'attends avec impatience la sortie en poche de "Les Anonymes" ; c'est pour le 1er mars donc je devrais arriver à patienter. Bises.
RépondreSupprimerP.S. : tu ne voudrais pas ajouter une newsletter à ton blog car j'aime toujours autant tes articles surtout lorsqu'ils concernent les thrillers et les polars ?!
J'en ai entendu tellement de bien, de cet auteur ! Il faut absolument que je le lise... (lui et les 300 autres bouquins sur ma liste)
RépondreSupprimerJe viens de finir Vendetta d'Ellory, je suis en train de finir d'écrire ma chronique pour la semaine prochaine. Je pense en lire d'autres même si je ne sais pas vraiment pas lequel continuer
RépondreSupprimerJ'ai entendu beaucoup de bien de cet auteur moi-aussi et bien que je ne sois pas très polar, il faudra que le lise un ces jours !
RépondreSupprimerUn avis positif de Mimi, je note de suite ce livre dans mes prochains achats !!
RépondreSupprimerMerci pour cette critique.