lundi 21 février 2011

Le coeur régulier


" Vu de loin on ne voit rien ", disait souvent Nathan. Depuis la mort de ce frère tant aimé, Sarah se sent de plus en plus étrangère à sa vie, jusque-là " si parfaite ". Le coeur en cavale, elle s'enfuit au Japon et se réfugie dans un petit village au pied des falaises. Nathan prétendait avoir trouvé la paix là-bas, auprès d'un certain Natsume. En revisitant les lieux d'élection de ce frère disparu, Sarah a l'espoir de se rapprocher, une dernière fois, de lui. Mais c'est sa propre histoire qu'elle va redécouvrir, à ses risques et périls. Grâce à une écriture qui fait toute la place à la sensation, à l'impression, au paysage aussi bien intérieur qu'extérieur, Olivier Adam décrit les plus infimes mouvements du coeur et pose les grandes questions qui dérangent.
Avec une écriture, et un style légers, et fluides, ce livre se lit tout seul, sans effort malgré le climat de gravité qui y règne.
Olivier Adam se met dans la peau d’une femme, qui assommée de chagrin à la mort de son frère, quitte mari et enfants pour se réfugier au Japon pour tenter d’y trouver des réponses. Dans un va et vient continu, le lecteur rentre progressivement dans l’intimité de cette familiale et professionnelle de Sarah, deux mondes avec leurs rudesses et leurs cicatrices qu’ils laissent insidieusement.
C’est plutôt un roman d’atmosphère, où l’on palpe plus les choses qu’elles ne sont clairement dites. Le paysage y occupe une large place, notamment au Japon, où j’imaginais assez bien quel pouvait être le lieu où Sarah s’est refugiée pour comprendre ce frère qui n’avait pas voulu, ou pu suivre le même chemin. Qu’a-t-il pu trouver au bord de ces falaises, en compagnie de Natsum ?
Sarah parviendra t-elle à comprendre, à cicatriser ?
Il y a beaucoup de souffrance, de non dit, sans que cela en soit étouffant.Le voyage sera pour elle une renaissance, une prise de conscience par rapport à sa propre vie de routine, presque tracée d’avance qui au fond l’étouffait un peu sans oser s’en détacher.
« Vu de près, pris dans le cours ordinaire, on ne voit rien de sa propre vie. »
« Si j’avais une chose du monde de l’entreprise, et du travail en général, c’est qu’on y tolère mal les faibles, que toute faille doit y être camouflée, toute fragilité niée, toute fatigue combattue et oubliée, qu’une part non négligeable de nous même doit être laissée au vestiaire comme un costume qu’on enfilerait qu’une fois le soir venu »
« C’est même pour cela que je l’ai épousé, je crois. Parce qu’il était gentil, pondéré, rassurant, raisonnable et fiable, et parce que j’aimais qu’il soit tout ça. Parce qu’il me tenait à la surface, me maintenait au-dessus des flots. Parce qu’à force d’avoir les pieds si fermement ancrés sur terre, il m’empêchait de glisser. »
Olivier Adam-Edition de l'Olivier-232 pages
Olivier Adam est né en 1974. Après avoir grandi en banlieue et vécu à Paris, il s’est installé à Saint-Malo. Il est l’auteur de nombreux livres dont Passer l’hiver (Goncourt de la nouvelle 2004), Falaises, À l’abri de rien (prix France Télévisons 2007 et prix Jean-Amila-Meckert 2008), Des vents contraires (Prix RTL/ Lire 2009).
Challenge 26 auteurs/26 livres: 8/26 [A]
Challenge ABC/Babélio: 15/26 [A]

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