« Quand nous partons, nous ne sommes que de vulgaires soldats, maussades ou de bonne humeur et, quand nous arrivons dans la zone où commence le front, nous sommes devenus des hommes-bêtes? »Témoignage d'un simple soldat allemand de la guerre de 1914-1918, À l'ouest rien de nouveau, roman pacifiste, réaliste et bouleversant connut, dès sa parution en 1928, un succès mondial retentissant. Il reste l'un des ouvrages les plus forts dans la dénonciation de la monstruosité de la guerre.
Me voilà assez partagée après la lecture de ce livre. En effet, j’ai trouvé ce récit lourd, angoissant, et, au final, pénible à lire. Le texte compact, les chapitres longs, et le manque d’espace accentuent davantage mon impression.
Et pourtant, ce texte est admirablement écrit, et compte tenu, de la nature même des faits, bien que très réaliste et explicite, Erich Maria Remarque a évité de versé dans un récit sanguinolent, et, de fait s’abstient de tout voyeurisme inutile. Et cela le rend émouvant.
Nous sommes durant la première guerre mondiale, Paul Bäumer, le narrateur, évoque son quotidien, au front en compagnie des autres soldats dans les tranchées, dans les hôpitaux, ou plus à « l’abri » lorsqu’ils ne sont pas en première ligne.
L’évolution de ces soldats est flagrante tout au long de ce récit, avec le temps ils deviennent résignés, s’interrogent sur le pourquoi et le comment de cette guerre.
« C’est bizarre, quand on y réfléchit, poursuit Kopp. Nous sommes ici pour défendre notre patrie. Mais les Français, eux aussi, sont là pour défendre la leur. Qui a donc raison ? »
« Pourquoi donc y a-t-il la guerre ?demande Tjaden »
Mieux qu’un livre d’histoire, l’auteur montre la boucherie que fut ce conflit, les conditions misérables dans lesquelles étaient les combattants.
« Le jeune homme aura de la peine à supporter le transport et c’est tout au plus s’il ne peut encore vivre quelques jours. Tout ce qu’il a souffert jusque là n’est rien à côté de ce qui lui reste à souffrir avant qu’il meure. »
Et quand les temps sont difficiles, quand les individus sont exposés de la sorte à la faim, au froid, et, à la mort, ou pire encore à la lente souffrance qui mène à la mort, rien ne vaut l’esprit de camaraderie qui règne partout et en toutes circonstances, mêmes les plus insignifiants.
En lisant ce texte, et en songeant à ce que peut être l’état d’esprit d’un soldat du rang lorsqu’il part au front, je ne peux m’empêcher de penser à cette phrase de Paul Valéry, «La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas » On ne pouvait pas être plus cynique.
Erich Maria Remarque-Le livre de poche n° 197-220 pages
Incorporé en 1916 et envoyé au front, Erich Maria Remarque revient un an plus tard, blessé aux mains ce qui le fait renoncer à une carrière de musicien pour laquelle il aspirait. Après avoir donné des cours en école primaire, il écrit quelques comptes rendus pour un journal. En 1920, il publie son premier livre 'La baraque de rêve' qui passera inaperçu. Mais c'est neuf ans plus tard, avec son roman 'A l'ouest rien de nouveau', que sa carrière débute vraiment. Il sera alors pris pour cible par les nazis qui l'accusent d'affaiblir le moral de la nation allemande dans ses écrits. En 1933, ses livres sont d'ailleurs brûlés à Berlin et interdits dans les bibliothèques. Il quitte alors l'Europe, car la Gestapo veut l'arrêter, pour New York, d'où il critique plus tard la nouvelle république de Weimar, faite selon lui de personnes mêlées de trop près aux crimes nazis. Avec sa nationalité américaine, il rentre en Suisse en 1947 et écrit de nombreux romans comme 'L' obélisque noir' ou 'Un temps pour vivre, un temps pour mourir'. C'est à partir de 1963 que la presse allemande reconnaît l'importance de son oeuvre.
Challenge 26 auteurs-26 livres: 5/26 [R]
Challenge ABC/Babélio: 14/26 [R]
Je l'ai lu fin 2010 pour mon cours de français, j'avais bien aimé :) Il est assez émouvant et témoigne bien de la guerre, mais c'est vrai qu'il est plutôt dur à lire, c'est lourd comme tu dis.
RépondreSupprimerPour ma part j'ai beaucoup aimé ce livre. ET je suis d'accord avec toi lorsque tu dis que l'auteur, malgré le sujet s'est abstenue de faire dans le voyeurisme.
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