lundi 21 mars 2011

La nuit


Né en 1928 à Sighet en Transylvanie, Elie Wiesel était adolescent lorsqu'en 1944 il fut déporté avec sa famille à Auschwitz puis à Birkenau. La Nuit est le récit de ses souvenirs : la séparation d'avec sa mère et sa petite sœur qu'il ne reverra plus jamais, le camp où avec son père il partage la faim, le froid, les coups, les tortures... et la honte de perdre sa dignité d'homme quand il ne répondra pas à son père mourant. " La Nuit, écrivait Elie Wiesel en 1983 est un récit, un écrit à part, mais il est la source de tout ce que j'ai écrit par la suite. Le véritable thème de La Nuit est celui du sacrifice d'Isaac, le thème fondateur de l'histoire juive. Abraham veut tuer Isaac, le père veut tuer son fils, et selon une tradition légendaire le père tue en effet son fils. L'expérience de notre génération est, à l'inverse, celle du fils qui tue le père, ou plutôt qui survit au père. La Nuit est l'histoire de cette expérience. "
Ce témoignage aussi court qu’il est poignant est dans la lignée de Si c’est un homme, ou du journal d’Anne Frank .Il fait parie de ce qui s’appelle les indispensables.
J’ajoute l’excellente préface de François Mauriac qui est à elle seule d’une beauté à couper le souffle.
« En quelques secondes nous avions cessé d’être des hommes »
Avec des mots simples et percutants, dans un style impeccable, avec juste assez de détails sans pour autant alourdir, Elie Wiesel réussit à raconter dix ans après l’indicible, l’incroyable, l’impensable, pour toute une génération que n’a pas connu cela. Et pourtant, ça a existé…..
Dans ces quelques pages il y a tout l’amour d’un fils pour son père, son admiration inconditionnelle, tout le respect pour l’homme de foi, toute la tendresse pour un homme qui se meurt à petit feu à côté de lui, sans qu’il fut possible de faire quoi que ce soit.
Je suis toujours éberluée de lire la passivité des déportés face au funeste destin qui les attendait. Comment ont-ils pu se laisser aller ainsi à la mort ?
Je connaissais Elie Wiesel pour l’avoir à de nombreuses reprises entendu s’exprimer sur le sujet, je connaissais l’homme de paix qui au sortir des camps s’est acharné tout au long de sa vie à défendre l’Humain, ses droits, sa dignité, où qu’il soit dans le monde. Curieusement aucun de ses livres n’était arrivé jusqu’à moi, c’est choses faite. Et c’est avec plaisir que je retrouverai au hasard d’un autre ouvrage.
Elie Wiesel-Editions de minuit-178 pages
Publié en 1958 aux Editions de Minuit, La Nuit est le premier ouvrage d'Elie Wiesel qui est, depuis, l'auteur de plus de quarante œuvres de fiction et de non-fiction. Prix Nobel de la paix en 1986, il est titulaire d'une chaire à l'université de Boston.

3 commentaires:

  1. Très belle chronique qui donne bien envie de découvrir ce livre!

    RépondreSupprimer
  2. Je me suis toujours posé la question du comment les juifs s'étaient laissés déportés sans vraiment réagir. Il savaient les moyens de s'opposer à ce génocide. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait ? Peut être un historien a t-il répondu à cette question.

    RépondreSupprimer
  3. Le livre commence en traitant cette question. le petit Elie Wiesel voit un mendiant kaballistique pour aborder la mystique. Le père du narrateur est une autorité dans la communauté. Personne ne croit le mendiant réchappé d'un premier "voyage". On réagit dans le conformisme et la soumission à l'autorité nazie semble ouvrir la promesse que tout va rentrer dans l'ordre "après" quelques contrôles hongrois certes fort alarmants. Mais on ne doit pas céder à la panique...

    RépondreSupprimer