Nous retrouvons au printemps 2006, la fameuse équipe qui a tant fait rire et frissonner les lecteurs des trois premiers ouvrages?*Cette fois-ci, l'affaire est encore plus grave: il s'agit du sort des sans-papiers, qu’ils survivent à Trélouzic, Lannion ou ailleurs. Fanch Bugalez et sa compagne Gwendoline, Eugène Cabioch leur vieil ami, sont témoins d'un drame qui empoisonne toute la région. On retrouve assassinés un écrivain haïtien, une directrice d'école, avant que la situation ne dégénère encore plus. Que se passe-t-il dans cette Bretagne où sont venus se réfugier des êtres humains de diverses nationalités? Leur sort tragique défraie la chronique, partisans et opposants de la politique d'immigration font entendre leurs voix. Le commissaire Cesare Le tellier aura fort à faire pour démêler les fils de cette inextricable pelote.une fiction adossée à l'actualité, un polar dénonçant une Europe devenue "forteresse», éloignée des idées humanistes les plus essentielles.
Bien ancré en pays de Trégor, ce polar se veut social, militant, et humaniste. Yann Venner puise dans l’actualité pour bâtir un scénario qui dans l’ensemble est assez bien ficelé. Seule la fin, m’a paru assez "tirée par les cheveux", et de fait lourde et peu plausible.
Cependant cela ne m’a pas gâché mon plaisir de lecture.
C’est drôle à souhait, le style est enlevé et rapide. J’ai souvent ri de dialogues savoureux me rappelant un peu les films d’Audiard. Un grand nombre de personnages se croisent au sein d’une petite commune de Bretagne qui ne restera pas tranquille bien longtemps, les morts surviennent, un couple disparaît. Et tout ce petit monde prend fait et cause pour ces réfugiés illégaux, ou sont eux même réfugiés. Chacun prend part à l’enquête, qu’il soit avec ou contre. Apprécié le rythme de ce roman qui en a facilité la lecture, et l’a rendu vivante, même si le côté militant pur et dur, et le prosélytisme m’ont parfois démangée voir agacée.
C’est surtout l’humour et la satire qui retiendront mon attention et qui en définitive occulteront le côté plus obscure et plus gave du sujet, qui, sans me désintéresser, reste malgré tout assez éloigné de mes préoccupations.
J’ai également apprécié le déplacement en Bretagne comme un avant goût bienvenu de mes prochaines vacances.
Autant ce fut un moment agréable de lecture, un bon dérivatif, une bonne parenthèse au milieu de lectures plus graves et sérieuse, autant où son impact restera limité, et ne laissera pas cette empreinte indélébile en moi, témoin d’un livre coup de cœur.
Je remercie les agents littéraires et les éditions Le cormoran qui m’ont donné l’occasion de lire ce livre que je n’aurais probablement jamais eu l’occasion de rencontrer sans ce partenariat.
« Cette femme-là au moins, c’est aut’chose que ma défunte Marie-Thérèse. Même si elle a des heures de vol, j’suis bien content d’être son pilote ! Pas d’problèm’, du moment qu’elle tient l’manche. »
Yann Venner-Le cormoran-312 pages
Né à Saint-Brieuc en 1953, il vit entre Bretagne et Bourgogne. Ses recherches l'ont amené à extraire la quintessence de la vie: «tourné vers les autres, j’aime toutes les forme d'écritures et les bons vins. Quatre romans déjà parus, des recueils de poèmes et des articles sur les littératures francophones, jalonnent son parcours. Après une tétralogie romanesque -drolatique et noire-sur la Bretagne, il vient de sortir un nouveau roman dans lequel suspense, science et écologie se croisent.
Un roman toujours d'actualité, depuis l'affaire des "Roms" entre autres, et le durcissement des mesures à l'encontre des sans-papiers dont certains travaillent plus ou moins au noir dans des établissements de luxe en France (hôtellerie, restauration...)
RépondreSupprimerTrès bon commentaire & belle analyse ! MERCI
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