jeudi 14 juillet 2011

Cotton Point


Paris Trout accepte de prêter aux nègres... à condition qu'ils le remboursent. N'obéissant qu'à sa propre loi, il assassine de sang-froid une jeune femme noire pour une affaire de créance oubliée. Ainsi vont les affaires dans cette petite ville du Midwest au milieu des années cinquante. À moins qu'enfin les mentalités ne changent et que l'on se décide à punir ce criminel trop arrogant...
Si à la lecture du premier chapitre vous pensez avoir tout vu, et prétendez avoir une idée de ce que sera l’atmosphère de ce livre, et bien, vous vous trompez lourdement…Il ne s’agit que d’une mise en bouche d’un voyage qui va vous emmener au plus profond de l’âme humaine…
Ce roman est plus noir que noir, glauque, répugnant, révoltant, scotchant. Il aurait pu me faire fuir dès les premières pages, moi qui d’ordinaire ne suis une adepte de ce genre d’étalage… Et pourtant, j’ai aimé ce livre ; dès les premières pages je m’y suis accrochée, et l’ai lu avec l’appétit qui fait les coups de cœur.

Pete Dexter dont je découvre l’existence, et la prose, nous assure un voyage épique dans l’Amérique profonde, celle des années 50 , en Géorgie ; le sud raciste, ségrégationniste, misogyne, et élitiste ; le sud indécrottable ; le sud répugnant.
Avec une écriture incisive, directe, sans décorum inutile, Pete Dexter nous convainc immédiatement, et nous brosse à la perfection la psychologie de nos divers personnages.
Ce ceux d’ailleurs eux qui donnent leurs noms à chacune des parties  qui constituent ce roman.
9 parties, 6 personnages ; certains reviendront donc plus souvent.
Trout, l’horreur absolue. Il n’a qu’une loi…la sienne « Paris Trout avait, à sa manière des principes. » Un type que je ne voudrais même pas qu’il croise mon pire ennemi. ; Un pervers, manipulateur, dénué du moindre sens moral, et du moindre sentiment humain, calculateur.
Hanna, son épouse et quoi s’en mordra les doigts ; une victime impuissante, qui lutte malgré tout autant que faire ce peut.
Comment ne pas parler de Rosie, victime elle aussi ; la sacrifiée ; coupable d’être noire, pauvre, délaissée par sa propre famille, et, de se trouver au mauvais endroit, u mauvais moment, en face de la mauvaise personne.
Pete Dexter brosse parfaitement cette société sudiste, corporatiste,  où ses membres restent entre soi, mais dont malgré tout on perçoit l’humanité.
Que dire de cette justice dont l’auteur nous montre les perversions, et les travers ?

Pete Dexter- Points( 2011)-414 pages
Sélection 2011 pour le prix du meilleur polar des lecteurs de Points


Pete Dexter, né en 1943 dans le Michigan, vit sur une île au large de Seattle. Il a été reporter et éditorialiste en Floride et à Philadelphie avant de se consacrer à l’écriture. Il est notamment l’auteur du cultissime Paperboy, de Train, God’s pocket et Un amour fraternel, disponibles chez Points.

Après de longues études universitaires, Pete Dexter devient, au début des années 1970, journaliste au Philadelphie Daily News. Il passe de simple reporter à 'columnist', c'est-à-dire qu'il dispose d'une colonne quotidiennement, qu'il alimente du billet qu'il veut. Pour écrire, il parcourt la ville et choisit systématiquement les reclus ou les marginaux. Son goût pour l'alcool l'aide sûrement à écrire ses papiers, mémorables pour la plupart. Avec une réputation désormais acquise, la vie de Pete Dexter prend un tournant le 9 décembre 1981. Alors qu'il écrit un article sur la mort d'un enfant par overdose dans un quartier pauvre, la famille de l'enfant réfute les faits et demande au journaliste de réécrire son papier, ce que Dexter refuse. Le frère du jeune homme le menace et, ne pliant pas, Dexter se retrouve à l'hôpital. La légende veut que Dexter soit arrivé à l'hôpital dans un piteux état, que de nombreuses opérations de chirurgie esthétique furent nécessaires, ainsi que de longs mois de rééducation. Dans tous les cas, cette période profita d'une certaine manière à Pete Dexter qui arrêta l'alcool et qui commença à écrire de la fiction. Ses ouvrages sont d'ailleurs marqués par cette histoire : 'Paperboy' (1995), 'Deadwood' (1986) ou encore 'Train' (2003). En 2007, Pete Dexter publie une compilation de ses écrits journalistiques intitulée 'Paper Trails : True Stories of Confusion, Mindless, Violence and Forbidden Desires, a Surprising Number of Which are Not About Marriage'. Un titre qui en dit long sur le personnage. L'année suivante, son polar 'God' s Pocket' est, comme souvent, salué par la critique.

Livre lu comme juré pour le prix du meilleur polar 2011 des lecteurs Points

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