« Derrière le masque du monstre
il faut s’efforcer de voir l’être humain. »
Ayant lu l’été
dernier Le portail, et l’ayant apprécié,
j’avais naturellement envie de m’intéresser d’un peu plus près à ce qu’avait à
nous dire François Bizot à ce même sujet.
Si le
portail relatait son vécu au Cambodge, ici, nous sommes dans le registre de la
réflexion, du questionnement.
Il y a eu
quelque chose de dérangeant à lire ce livre,
pour l’ambiguïté qui ressort des propos
de son auteur.
François
Bizot, qui fut retenu au Cambodge, quelques moins en 1971, et libéré sous "l’influence favorable" de celui qui fut jugé, il y a peu
pour actes de torture et de barbarie, et considéré comme responsable de
milliers de mort. Douch a été le bourreau, mais aussi celui qui l’a libéré.Si l’auteur
peut faire preuve d’empathie, il ‘y a aucun dédouanement de sa part.
Comment
faire la part des choses ? Comment devient-on une figure du mal absolu
alors qu’on a été un homme lettré, éduqué ?
Il est
difficile à entendre qu’un homme puisse être ni tout à fait bon, ni tout à fait
mauvais. Il est difficile à concevoir qu’en chaque bourreau, persiste une part
d’humanité.
C’est à cela
que François Bizot s’attèle dans cet ouvrage, fort bien écrit et documenté. Sa
réflexion s’articule autour de 5 chapitres repentant chacun une période
historique déterminante. La lecture n’en est pas aisée ; j’ose dire que ce
n’est pas un ouvrage grand public, et qu’il est préférable d’en avoir lu
auparavant le Portail pour bien s’imprégner de ce dont il est question.
Le silence du bourreau, François Bizot
Flammarion (21/09/2012)
245 pages
4ème de couverture :
1971.
L'ethnologue français François Bizot est arrêté au Cambodge par les Khmers
rouges : détenu pendant trois mois et condamné à mort, il est libéré grâce à
l'intervention de son geôlier, un jeune révolutionnaire idéaliste du nom de
Douch. 1988. En visitant l'ancien centre de torture de S21, Bizot découvre que
son "libérateur" est responsable de la mort de milliers de personnes.
2003. Bizot revoit Douch pour la première fois. Un étrange dialogue se poursuit
au-delà de leur rencontre, où Douch s'expose avec une sincérité déroutante.
2009. Au procès des Khmers rouges, dont Douch est à ce jour l'unique accusé,
Bizot est le seul témoin convoqué par la Chambre. Dans une déposition
bouleversante, dédiée à la mémoire de ses compagnons disparus, il expose la
tragique interrogation qui est au centre de sa vie, comment reconnaître les
crimes des bourreaux dans toute leur dimension sans mettre en cause l'homme
lui-même ? Comment faire face à Douch sans nous regarder dans le miroir ? Le
silence du bourreau retrace les différentes étapes du dévoilement intérieur,
douloureux, jamais achevé, par lequel une innocence est perdue pour toujours.
Ce récit personnel, d'une intensité égale à celle du Portail, rejoint la
collection très limitée des oeuvres écrites face à l'extrême, et qui nous
permettent, dans la lucidité et la terreur, d'instruire cet éternel dossier que
Romain Gary appelait "l'Affaire Homme".
A propos de l'auteur
François Bizot, né à Nancy en 1940, est un anthropologue français,
spécialiste du bouddhisme de la péninsule du sud-est asiatique, à
l'École française d'Extrême-Orient (EFEO).
l a vécu la guerre civile au Cambodge, pays dont il étudiait les
reliques religieuses au début des années 1970. En particulier, il a été
détenu en 1971 dans un camp de rééducation khmer rouge, dont il fut
l'unique rescapé. Dans ce camp il a été interrogé par Kang Kek Ieu, plus
connu sous le surnom de Douch, qui allait, plus tard, devenir le
terrifiant et méthodique bourreau de la prison de Tuol Sleng (S-21),
ancienne école située à Phnom Penh.
Il a également vécu de l'intérieur l'évacuation de Phnom Penh par les
Khmers rouges (du 17 au 30 avril 1975), en tant qu'interprète des
étrangers réfugiés en masse dans l'ambassade de France.
Il a relaté ces quelques années et ce parcours dans son livre Le
Portail, récompensé par le Prix littéraire de l'armée de terre - Erwan
Bergot en 2000 et le Prix des Deux Magots en 2001. Son aventure au
Cambodge a aussi inspiré un film, Derrière le portail, de Jean Baronnet
(2004).
34 ème ouvrage pour le challenge de Hérisson.
Je vais suivre ton conseil
RépondreSupprimerJe vais aussi suivre ton conseil ;)
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