Tel un flacon renfermant le précieux jus, ce livre,
s’ouvre et se referme au gré de son humeur du moment. De longues inspirations
jusqu’à en saturer les narines, ou, au contraire, laisser s’échapper de brèves
effluves qui vont vous marquer durablement….
Un voyage olfactif, mais également visuel ; une
parenthèse à la fois ouatée, et prononcée ; ce livre est tout cela, mais pas
que cela. Chacun y retrouvera ses propres odeurs, ses souvenirs d’enfance, ses petits riens
oubliés, ses petits et gros chagrins, ses rires……mais surtout chacun s’y
construira son orgue à parfums
Pour parler d’eux, certains auteurs choisissent de
faire dans le sordide ou dans le pathos, de verser dans le misérabilisme.
Philippe Claudel, d’ordinaire peu enclin à se mettre en lumière, a exhumé les
odeurs, senteurs, et les images de son
enfance en terre Lorraine pour entrouvrir une porte sur son intimité familiale,
sa jeunesse, sa personnalité.
Ce ne sont pas moins que 63 textes travaillés,
ciselés, courts pour la plupart, mais intelligemment construits, dont chaque
mot est posé, et choisi avec soin. On y retrouve les expressions lorraines «
attraper la mort », « la pouyotte ».
Philippe Claudel se fait tour à tour grave, nostalgique,
tendre, drôle, gastronome…mais un peu coquin aussi….
Une enfance heureuse, normale pour me permettre un
adjectif à la mode, où les chagrins d’enfant ne sont pas oubliés, mais pas non
plus mis en exergue, des parents tendrement aimés, un village comportant moins
de 1000 âmes qui est son ancrage profond et pour lequel il éprouve une tendresse
infinie, Nancy et les bars qu’il connaissait mieux que la faculté où il était
étudiant, la prison où il a enseigné, l’enfant qui dort…son enfant où l’écrivain
cède la place au père qu’il est …
Que dire de plus après ces quelques mots à propos du
munster ? « Le respirer le
condamne, le gouter l’amnistie. Derrière ses allures de Quasimodo, de vilain
canard ou de galeux, c’est un Prince qui pour apparaitre attend qu’on veuille
bien l’apprécier. On se trompe si souvent sur les fromages ou sur les êtres. »
Parfums, Philippe
Claudel
Stock, collection la bleue (13 Septembre 2012)
216 pages
Merci Malo!!
4ème
de couverture :
« En
dressant l’inventaire des parfums qui nous émeuvent –ce que j’ai fait pour moi,
ce que chacun peut faire pour lui-même –on voyage librement dans une vie. Le
bagage est léger. On respire et on se laisse aller. Le temps n’existe
plus : car c’est aussi cela la magie des parfums que de nous retirer du
courant qui nous emporte, et nous donner l’illusion que nous sommes toujours ce
que nous avons été, ou que nous fûmes ce que nous nous apprêtons à être. Alors
la tête nous tourne délicieusement. » P.C
A
propos de l’auteur :
Philippe Claudel est l’auteur des Âmes grises (prix Renaudot 2003, Grand
prix littéraire des lectrices de Elle en 2004, consacré meilleur livre de
l’année 2003 par le magazine Lire), traduit dans plus de trente pays, de La Petite Fille de Monsieur Linh (Stock,
2005), du Rapport de Brodeck (prix
Goncourt des lycéens 2007) et de L’Enquête
(Stock, 2010). Il a réalisé deux films : Il
y a longtemps que je t’aime avec Elsa Zylberstein et Kristin Scott Thomas,
qui a reçu deux César, et Tous les
soleils (avec Stefano Accorsi, Clotilde Courau, Anouk Aimée). Il a
également écrit deux pièces de théâtre : Parle-moi
d’amour et Le Paquet.
Chouette, je devrais le reçevoir très bientôt !
RépondreSupprimerClaudel est un des derniers orfèvres de la littérature française. M'étonne pas que ces courts textes soient ciselés et intelligemment construits.
RépondreSupprimerJe pensais le dévorer, finalement j'ai pris le temps de le déguster...
RépondreSupprimerEt bien, quel beau billet !
RépondreSupprimerje ne pensais pas le lire mais maintenant j'ai changé d'avis.
L'auteur m'avait déjà convaincu lors de son passage à la grande librairie, tu confirmes !
RépondreSupprimerbof je n'ai pas aimé ce livre
RépondreSupprimeril ne parle pas de parfum mais d'odeurs
je regrette vivement le Claudel des âmes grises!!!!