lundi 15 avril 2013

Un père pour mes rêves

« Père, ô père, on m’a dit que tu étais mort, que tu avais été tué à la guerre. Tu étais celui qu’il était interdit  de mentionner dans la maison où j’ai grandi ; j’ai dû t’inventer dans ma tête. Jusqu’au jour où des mots écrits t’ont soudain donné vie. Tu n’étais pas le héros américain blanc que j’avais supposé : tu étais celui qui aujourd’hui se tient devant moi. Grand, sombre et beau. »

Elevé au sein d’une famille Maori, Yank connait le sort de beaucoup de gamins né durant la guerre : celui d’être un fils illégitime,  à la fois rejeté et aimé ; un enfant pas tout à fait comme les autres qui se construit en marge, et grâce à la force de ses rêves.
Son rêve à lui, c’est un père qu’il imagine riche et puissant. Un père qui s’avérera être différent, mais qui lui transmet en héritage la musique, mais aussi la conscience du sort des bannis, des laissés pour compte, et des injustices de toutes sorte.
Il se dégage beaucoup de force et de caractère de ce roman servi par une écriture musclée, et un mode narratif qui, au départ, peut rebuter le lecteur, mais est finalement assez vite adopté. L’auteur prend la liberté de perdre son lecteur en déplaçant souvent les points de vue ; sans doute pour montrer la complexité de la situation  et des sentiments qui animent chacun des personnages.
D’un sujet intimiste comme la recherche d’identité, à ceux plus général comme les droits de l’Homme et le respect de la dignité humaine, Alan Duff, entre Nouvelle Zélande et le vieux sud-américain, donne à son roman humanité et grandeur.

Un père pour mes rêves, Alan Duff
Actes Sud (Mai 2010)
368 pages
4ème de couverture :
Fruit d’une brève liaison, pendant la Seconde Guerre mondiale, entre une jeune femme maorie, dont le mari est parti sur le front, et un GI de passage, Mark, que chacun surnomme “Yank” (le Yankee), doit apprendre à endurer le mépris dont la communauté de Waiwera, petit paradis thermal néo-zélandais, accable sa mère depuis le retour au pays de son mari Henry, archétype du guerrier maori.
Maltraité par son beau-père avant d’être condamné à vivre avec sa mère en marge de la société, Yank survit, loin du quotidien des familles maories ravagées par l’alcoolisme et la violence, grâce à la présence de quelques fi gures aimantes et au fantasme salvateur qu’il entretient d’un père fortuné et rayonnant aux allures de John Wayne ou d’Elvis Presley, son idole. Son vrai père, Jess Hines, s’étant, contre toute attente, enfi n manifesté, Yank apprend, à sa grande déception, que la réalité est tout autre.
Devenu musicien professionnel, Yank, alors âgé de vingt ans, entreprend le voyage au bout duquel il va enfi n rencontrer son père et prendre conscience du sort terrible que l’Amérique du Ku Klux Klan réserve à Jess Hines et à ses semblables.
Porté par une écriture puissante et volontiers subversive, ce roman de deux peuples, Maoris et Noirs américains, résonne des intonations de Martin Luther King et des protest songs de Bob Dylan, mais aussi des cris de tous les damnés de la terre auxquels il rend un hommage bouleversant d’humanité.

A propos de l’auteur :

D’Alan Duff, écrivain néo-zélandais né à  Rotorua , le 06/10/1950,  et actuellement installé en France, Actes Sud a déjà publié L’Ame des guerriers (1996 et Babel n° 536), Nuit de casse (1997), Les Ames brisées (2000 et Babel n° 778).

Né d’une mère maori et d’un père pakeha, Alan Duff est sans doute l’écrivain néo-zélandais vivant dont le nom est le plus connu à l’étranger.

Son grand-père paternel, Oliver Duff, a fondé The Listener, l’hebdomadaire le plus important de Nouvelle-Zélande. Après la séparation de ses parents quand il avait dix ans, Alan Duff a vécu chez un oncle et une tante maori à Whakarewarewa. Rebelle, expulsé de l’école, il se joint à une bande de jeunes et, après plusieurs délits, se retrouve dans une maison de redressement.

Il travaille ensuite chez un installateur de matériel d’isolation où, selon ses propres paroles, il « apprend la valeur éthique du travail ». Il tente de devenir chanteur, ouvre des petits commerces, mais retourne brièvement en prison. C’est là qu’il décide d’écrire. Son premier livre, terminé en 1985, sera refusé. En 1990, Alan Duff fait paraître L’Âme des guerriers qui connaît un succès phénoménal, sans doute à cause de son réalisme violent et de son point de vue très critique sur la position des Maori dans la société néo-zélandaise. Dès lors, Alan Duff sera au centre d’une controverse qu’il ne cessera d’alimenter par des propos tenus dans une chronique hebdomadaire reproduite par plusieurs journaux. Dans son essai Maori : The Crisis and the Challenge (1993), il accuse les Maori d’être trop passifs et d’attendre l’aide de l’État 
 Pour le challenge de Calypso, lecture autour du mot rêve.



1 commentaire:

  1. Tout à fait le genre de livres que j'aime lire et dont je suis certaine qu'il m'apportera beaucoup !

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