« C’est par les armes et les femmes que l’on
devient homme. »
Nul
besoin de partir bien loin, à la recherche d’exotisme quelconque ou de nature extraordinaire
pour sortir des sentiers battus. Une banlieue parisienne un peu chaude, les
quais de Seine suffisent ici à Ingrid Astier pour camper solidement son second
roman.
De
nombreux personnages peuplent cette seconde enquête nous embarquent au milieu des malfrats du 93, et des multiples services de Police de la
capitale.
Ingrid
Astier avance pas à pas, avec chacun de ses personnages. C’est avec une
précision chirurgicale qu’elle les décortique. On se surprend à se sentir bien
autour de ces malfrats infréquentables, que la vie n’a pas gâtés, et auxquels
on finit non pas à s’attacher mais à accepter dans ce qui leur reste d’humanité.
Comment ne pas s’attendrir devant la relation entre Diégo, implacable et
violent, et Adriana, la sœur trapéziste, sa
petite mouette.
«
Son frère n’avait jamis été comme les
autres. Mais elle se refusait à le juger. Le chemin d’un être n’était du
ressort de personne. »
« Il fallait reculer mon départ. Tenir et attendre qu’elle fasse son numéro. La
famille c’est sacré. Promis, juré, craché. »
Angle
mort, c’est aussi, et avant tout une atmosphère palpable jusqu’au cœur, des
lieux familiers, et des dialogues savoureux à la Audiard dont le rythme et la
faconde compensent une avancée minutieuse dans l’intrigue. Les 500 pages
passent comme une vedette rapide sur la
Seine, alors que l’intrigue ne bouge pratiquement pas géographiquement Les
flics ne sont pas uniquement flics, mais s’avèrent au fil des pages des hommes
et des femmes dont les relations complexes et parfois limite-limite donnent vie
et corps à ce très bon roman noir qui débute un après-midi d’été pour finir en
feu d’artifice un soir de 14 juillet !!Autant dire que cela ne mégote pas.
Angle mort, Ingrid Astier
Gallimard, série
noire (Janvier 2013)
520 pages
4ème
de couverture :
«Les armes, c'est comme les femmes, on les
aime quand on les touche.»
Diego
est braqueur, né à Barcelone. Il vit à Aubervilliers, dans une hacienda
délabrée, avec son frère Archibaldo et des souvenirs. Leur soeur, Adriana, a
fait d'autres choix. Artiste au cirque Moreno, elle rêve d'accro cher son
trapèze à la tour Eiffel.
À
Paris, un braquage que la police surveillait pour obtenir le flagrant délit
tourne au massacre. La traque est lancée, du quai des Orfèvres au canal
Saint-Denis, du port de l'Arsenal aux replis secrets d'Aubervilliers. La
brigade criminelle du 36 et le 2e DPJ enquêtent. Les commandants Desprez et
Duchesne, aidés de la Fluviale, essaient de démêler les fils. Un nom finit par
tomber : Diego. Entre flingages et virées nocturnes Diego garde toujours un
temps d'avance. Comment piéger celui que rien n'arrête ?
Tandis
que l'enquête progresse, aussi implacable que le destin, des histoires
cristallisent et les sentiments viennent bouleverser les liens de sang. Une
tragédie effrénée, où rayonne le soleil noir de la liberté.
A propos de
l’auteur :
Ingrid
Astier vit à Paris. Révélée par Quai des enfers (prix Paul Féval de la Société
des gens de lettres, prix Lafayette, prix Polar en plein coeur, prix Sylvie
Turillon), elle poursuit avec ce roman une fresque dédiée à Paris et à la
Seine. Elle est la marraine de la brigade fluviale.
Pour le challenge de Calypso, lecture autour du mot mort.
Pour le challenge de Liliba
J'avais beaucoup aimé Quai des enfers... je suis ravie que ce deuxième roman semble aussi bon !
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