« L’Irak est un pays de fantômes. Chaque
famille, chaque tribu, chaque religion a les siens. Ils se battent en coulisse.
Ils se moquent du sable et des pages des livres d’histoire. Ils laissent des
ombres au coin des sourires. »
Grand
reporter en Irak, Lucas Menguet a pris l’habitude d’envoyer chaque soir ses lettres
autant pour ne pas perdre le fil avec les siens, et sa rédaction, que pour ne
pas perdre pied dans cette poudrière où le danger commence bien avant l’arrivée
en Irak.
C’est
cette vie si particulière de journaliste de guerre qui nous est offerte avec la
précision du professionnel soucieux du détail, le sens du concret sans le côté mélodramatique.
Que
reste-t-il de quelques minutes de reportage dans lesquelles on ne peut tout
monter, ni tout transmette, par rapport à la force des mots et des images qu’ils
suggèrent ?
Avec
un savant mélange de sérieux, de dérision, et parfois d’absurde, Lucas nous en
apprend beaucoup du journalisme de terrain, le rôle essentiel qu’ont « les
locaux » pour assurer la sécurité, et le travail sur place de celles et
ceux qui nous informent. Hommage leur est rendu au travers de ces 40 lettres.
En dépit de la violence, des risques incommensurables, Lucas Menget est
viscéralement attaché à ce pays, et ses habitants ; il les comprend
infiniment plus que les déclencheurs de cette guerre. (Guerre dont il se garde
bien de juger le bien- fondé ou pas, d’ailleurs).
Si
le style journalistique prévaut dans ces lettres, il n’exclue pas les moments d’émotions,
ni les anecdotes bienvenue dans ce monde de brutes.
« L’Irak est le pays du doute. Pour tous et
pour chacun. Cinq ans d’extrême violence ont appris aux Irakiens à ne plus rien
promettre, à ne plus rien croire. »
Un grand merci aux éditions Thierry Marchaisse et libfly pour la lecture de cet ouvrage dans le cadre d'une opération consacrée à l'édition indépendante .
Lettres de Bagdad, Lucas Menget
Thierry Marchaisse
éditions, Août 2013
140 pages
4ème de
couverture :
« Nous attaquons une deuxième nuit de montage,
pour tenter, avec quelques reportages, de montrer à quoi ressemble l’Irak. La
tâche est impossible.
Il faudrait dire à la
fois la complexité et l’attachement. Le drame et les rires. Les chiites, les
sunnites, les chrétiens, les fous et les moins fous. Les suicidaires et les
visionnaires. Les réalistes et les perdus. Le sable et le pétrole. La bêtise de
quelques illuminés de Washington, et la naïveté de leurs successeurs. Les rêves
des Irakiens, quand la parole fut libre pour quelques mois. Les désillusions,
maintenant que les mots sont de nouveau chuchotés.
Mes reportages ne
peuvent pas montrer cela. Ils ne peuvent guère non plus montrer l’absurde et
l’horreur. Encore moins le mélange des deux. Mais ces lettres peut-être ? »
A propos de l’auteur :
Lucas
Menget, né en 1974, ancien journaliste à RFI, grand reporter à Complément
d’enquête et Envoyé spécial sur France 2, puis à France 24, est depuis 2012
rédacteur en chef à la chaîne d'information i>Télé.
Pour le challenge de George .
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