De
Moscou à Oulan –Bator, le lecteur se voit plongé au cœur d’un huis-clos dont il
se demande avant le coup de sifflet comment il va pouvoir se terminer. Elle
pensait être seul ; la voilà collée aux basques par un rustre de première
classe ; il boit comme un russe, mange comme un porc, jure comme un
charretier… Il va lui falloir tenir le coup jusqu’à l’arrivée.
C’est
tout l’intérêt de ce road-movie ; Rosa Liksom s’attache à cerner la personnalité
de chacun. La jeune femme s’enferme dans ses souvenirs revisite son passé pour
ne pas avoir à communiquer. Lui au contraire ne s’arrête que dans son sommeil…et
encore.
L’atmosphère
se fait de plus en plus lourde à mesure que ce train progresse, et que les
paysages défilent. Les seuls moments de respiration proviennent des pages
consacrées à l’immensité Russe vécue comme une bouée salvatrice pour la jeune
femme qui voit défiler les forêts, et les étendues de neiges, et le lecteur qui
oublie , un peu, ce vieux schnock dont la descriptions détaillée des repas couperait
même l’appétit d’un affamé.
Ce
roman est tout en contraste ; il fleure autant la poésie pour évoquer dans
une langue très imagée la beauté extérieure, qu’il respire la vulgarité pour
évoquer la rusticité et la brutalité de Vadim.
Si
l’ambiance initiale peut être difficile à appréhender, et peut étouffer un peu
le lecteur, ce dernier se prend rapidement au jeu, et n’a qu’une envie,
terminer le voyage quelle qu’en puisse être la conclusion…
Je remercie les éditions Gallimard pour m'avoir permis de lire en avant première cet ouvrage.
Compartiment n°6, Rosa Liksom
Gallimard, Septembre
2013
215 pages
4ème de
couverture :
En
gare de Moscou, une jeune Finlandaise s’installe dans le train qui la mènera à
travers la Sibérie, puis la Mongolie, jusqu’à la ville mythique d’Oulan-Bator.
C’est avec Mitka qu’elle aurait dû réaliser son rêve, mais la voici seule dans
ce compartiment n° 6, prête à traverser l’Union soviétique pour rallier les
portes de l’Asie. Quelques instants avant le départ, un homme la rejoint et
s’installe finalement face à elle. Vadim Nikolaïevitch Ivanov est une véritable
brute qui s’épanche sur les pires détails de sa vie, sans jamais cesser de
boire.
La
jeune femme regarde défiler les paysages enneigés qui se répètent et se
déclinent à l’infini. Alors que les villes ouvrières se succèdent, l’atmosphère
du compartiment n° 6 s’alourdit à mesure que l’intimité disparaît. Les repas se
partagent, de même que les angoisses et les violentes pulsions du grand Russe.
Si la jeune femme se réfugie dans ses souvenirs pour ne pas céder à la peur,
ces deux êtres que tout oppose rentreront à jamais changés de ce long voyage.
A propos de l’auteur :
Elle
est née en 1958 dans un petit village situé près de Tornio en Laponie, sous le
nom d’Anni Tylävaara. Liksom est un pseudonyme (signifiant « comme » en
suédois). Rosa Liksom parcours l’Europe à partir de l’âge de 15 ans, commençant
par la Scandinavie, la France, l’URSS où elle s’installe un temps. Serveuse
dans des cafés pour « hippies-punk », dans les années 1980, Rosa Liksom profite
des temps morts pour écrire des livres qui posent des questions : le refus du
monde, l’exclusion sociale, l’espoir et l'amour dans un argot (celui des jeunes
d’Helsinki) poétique. Son premier livre date de 1985 (Arrêt de nuit). Elle
écrit surtout des nouvelles traduites dans une quinzaine de langues, mais elle
a aussi publié un roman, Kreisland, non traduit en français. En parallèle à
l’écriture, Rosa Liksom est également peintre.
Pour la Finlande dans le challenge nordique repris par Lystig.
Me voilà ferrée !
RépondreSupprimerOui, tu donnes envie !
RépondreSupprimervu mais pour une fois, pas spécialement tentée !
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