D’ordinaire,
j’aime assez commencer par le début quand il s’agit d’une série policière ;
histoire d’apprécier l’évolution des personnages. Ici, ce ne sera pas le cas.
Je fais donc connaissance avec Veum qui est
déjà bien installé dans ses aventures ; et j’ai presque l’impression de l’avoir
toujours connu. Non pas qu’il manque d’originalité, et qu’il ressemble aux
autres, mais juste parce que l’auteur parvient rapidement à familiariser son
lecteur, même le plus novice.
Et
même si dès la première ligne les choses sont claires et nettes, avec un mort
en bonne et due forme, pas question pour autant d’une aventure au rythme
effréné, de personnages survoltés.
Nous
sommes dans un véritable polar nordique, les choses avancent doucement, mais surement. Avis donc
aux amateurs de vitesse et précipitation ; ça n’est pas le genre de la
maison. Mais c’est bien aussi de prendre son temps ; on se laisse attraper
par autre chose.
Veum,
est donc un détective privé ; il ne court pas après les billets. Il travaille
plus au feeling, un peu comme un artisan. Mais, une fois lancé sur une affaire,
il en explore toutes les facettes, et ne ménage ni son temps, ni son énergie. Il
ne rechigne pas aux petits plaisirs de la vie, à quelques verres d’aquavit,
histoire de se donner du courage, ou des idées.
Gunnar
Staalesen mêle ici le présent et le passé, le travail d’enquête et l’étude
socio-politique de son pays. En effet, il s’avère que les personnages impliqués
ont tous été de fervents sympathisants d’extrême gauche des années 70 , et ayant
tous, plus ou moins de choses à cacher. Il est assez amusant de voir que tout
ce petit monde a bien changé avec les années, et que les idéaux de jeunesse se
sont largement envolés pour laisser la place à l’embourgeoisement parfois
teinté de cynisme et de mauvaise foi.
J’ai
beaucoup apprécié cet aspect, qui fait de ce polar, un polar pas tout à fait
comme les autres ; en tout cas pas uniquement un polar.
Face à face, Gunnar Staalesen
Gaïa, Septembre 2013
300 pages
4ème de
couverture :
«
Un mort était assis dans ma salle
d’attente. » Avant de mourir, celui-ci avait commencé à rassembler des
informations sur une mystérieuse disparition, dans le nord de la Norvège, des
années plus tôt. La version officielle : une jeune femme s’est donné la mort en
se jetant à la mer. Mais la thèse du suicide semblait bien fragile… Voilà Veum
plongé dans le passé d’un groupe d’étudiants radicaux des années soixante-dix
vivant en communauté dans une villa de Bergen. À l’époque activistes tendance
marxiste-léniniste, ces anciens colocataires — du moins ceux encore vivants —
ont fait carrière sur la scène politique, dans la police, ou encore comme
artiste... Quel secret lié à cette mort nécessitait d’être tenu dans l’ombre ?
Et pourquoi est-ce si dangereux de fureter dans l’histoire de cette communauté
où les moeurs libres nouaient et dénouaient les couples ? Aux prises avec une
telle affaire, Veum ne compte évidemment pas ses heures. Même si le maigre
pécule qu’il peut espérer toucher ne mériterait guère plus qu’un petit verre
d’aquavit, pour fêter ça.
A propos de l’auteur :
Gunnar
Staalesen est né à Bergen, en Norvège, en 1947. Il fait des études de
philologie et débute en littérature à 22 ans. Il se lance peu à peu dans le
roman policier et crée en 1975 le personnage de Varg Veum, qu’il suivra dans
une douzaine de romans. Tous les polars de Staalesen suivent les règles du
genre à la lettre, avec brio. Et les problèmes existentiels du détective privé,
ses conflits avec les femmes et son faible pour l’alcool sont l’occasion
d’explorer, non sans cynisme, les plaies et les vices de la société. Avec le
Roman de Bergen, il dédie à sa ville natale une grande fresque sociale et
policière couvrant tout le XXe siècle.
Pour la Norvège dans le défi scandinave repris par Lystig.
tu sais donner envie!
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