« J’ai grandi dans la partie est de cette
ville, en RDA. Quand le traité de Rome a été adopté, j’avais trois ans. J’en ai
sept quand le mur a été érigé. Il divisait aussi ma famille. Je ne pensais pas
qu’avant l’âge de la retraite je pourrais voyager librement à l’Ouest. Ma route
s’arrêtait à quelques mètres d’ici. Mais le mur est enfin tombé. J’ai fait,
dans ma chair, l’expérience que rien ne doit rester pareil… »
Propos
tenus par la chancelière allemande lors du 50ème anniversaire de la signature du traité de Rome
…
Pour
comprendre qui est cette femme, comment elle gouverne son pays, avec quel
détermination et quelle rigueur elle travaille, la prudence dont elle fait
preuve pour tout et dont on se moque souvent, il faut se souvenir d’où elle
vient, et comment elle a vécu les vingt premières années de sa vie.
C’est
le propos de ce livre fort bien documenté, mais assez synthétique pour ne pas paraître
trop technique ( hormis les dernières
pages consacrées aux âpres négociations à propos de la crise financière de l’Euro).
Florence
Autret, rompue aux arcanes des institutions européennes dresse un portrait d’une femme que rien ne
destinait à diriger l’Allemagne. Elle qui, physicienne de métier ne connaissait
rien à la politique a réussi à force de travail, d’observation et d’un grand
savoir- faire tactique à se hisser à la tête de son parti.
« Nous Allemands de
l’Est, nous nous sommes entrainés à la course de fond, pendant qu’à l’Ouest on
sprintait. »
C’est
dans son histoire familiale, qu’il faut aller chercher son extrême rigueur. Elle
a été élevée dans le protestantisme au sein d’une famille dont le père était un
Pasteur reconnu.
De
ses années à l’Est vient son sens du compromis, l’art de biaiser, le
pragmatisme plutôt que l’opposition. De sa formation scientifique, vient ses
méthodes en politique, son sens de l’analyse avant toute décision hâtive.
Derrière
sa gaucherie légendaire, et un manque de glamour, se cache une tacticienne hors
pair, et une véritable tueuse.
« Elle ne mord pas vite, mais elle mord »
dit un élu de son propre parti.
Cette
biographie, relativement condensée, sans doute un peu juste pour les puristes, a le mérite d’être bien construite,
écrite dans un langage clair et accessible. Elle ne verse pas dans la flatterie,
mais au contraire m’a semblé bien équilibrée.
Ce
n’est pas un ouvrage que je cherchais particulièrement à lire, mais, mis en
évidence à la médiathèque, ce fut l’occasion de changer un peu de registre.
Angela Merkel, Florence Autret
Éditions Tallandier, Mai
2013
320 pages
4ème de couverture :
Qui
est vraiment Angela Merkel? On la dit intraitable, regard bleu acier, elle
semble indéchiffrable. Physicienne. Fille de pasteur. Divorcée et remariée.
Ayant grandi dans l’ex-RDA, elle entre en politique à 35 ans, au moment de la
chute du Mur. Une décennie plus tard, elle se débarrasse de son mentor, Helmut
Kohl, puis écarte ses concurrents et succède finalement au chancelier Gerhard
Schröder.
Ses
partisans la trouvent réfléchie et méthodique. Ils louent son absence de vanité
et son sens de l’absurde. Ses opposants lui reprochent son ambition, son côté
«mère la rigueur de l’Europe», et ses atermoiements. Ses diktats rigoristes lui
valent d’être caricaturée un fouet à la main et une croix gammée au bras.
Constamment
sous-estimée et admirable tacticienne, la «femme la plus puissante du monde»
bénéficie d’une inoxydable popularité. Mais elle exerce aussi son pouvoir dans
une vertigineuse solitude.
Nourrie
de sources inédites, cette biographie nous entraîne dans les coulisses du
pouvoir, à Berlin comme à Bruxelles, sur les traces d’une Allemande (presque)
comme les autres.
A propos de l’auteur :
Florence
Autret, née en 1970 à Bonneville (Haute-Savoie), est une journaliste française.
Spécialiste des affaires européennes et des questions économiques et
financières, elle est correspondante à Bruxelles, depuis 2005, L'Agefi et,
depuis 2008, de La Tribune, dont elle a créé, avec Yann-Antony Noghès, le blog
Europe. Elle collabore aussi à différents titres français et suisse.
Diplomée
de l'université Paris IX Dauphine (maîtrise de sciences de gestion) et de
l'Institut d'études politiques de Paris, elle a consacré son mémoire de DEA de
l'université Paris-I Sorbonne à une étude sociologique de la création de la
Cour de Justice des Communautés Européennes.
Entre
1995 et 1998, elle a été attaché commercial près l'ambassade de France à Bonn.
En
1999, elle commence une carrière de journaliste, interrompue entre 2002 et
2003, par un passage au cabinet de la ministre déléguée à la Recherche Claudie
Haigneré, où elle s'occupe de coopération franco-allemande.
Comme
journaliste, elle collabore à la lettre d'information bihebdomadaire
Intelligence Online (Indigo Publications), au supplément économie du quotidien
Le Figaro, aux mensuels Le Monde Initiative et Alternatives économiques, avant
de s'installer à Bruxelles en 2005.
Pour le challenge d'Enna : Prénom
Intéressant. La lecture c'est aussi cela pour moi, en apprendre un peu plus sur des "grands de ce monde" ou des pays. Mais j'en lis assez peu finalement. Et pour se faire vraiment une idée impartiale, il faut en lire plusieurs sur le même sujet sinon je crains le parti pris.
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