« Je n’ai pas connu
d’instant exceptionnel, pas de révélation, pas de moment de vérité, mais l’accumulation
régulière de millier d’affronts, de millier d’humiliations, de millier d’instants
volés, a créé en moi une colère, un esprit de révolté, le désir de combattre le
système qui emprisonnait mon peuple. Il n’y a pas de jour particulier où j’aurais
dit : à partir de maintenant je vis me consacrer à la libération de mon
peuple ; à la place je me suis simplement trouvé en train de le faire sans
pouvoir m’en empêcher. »
Et
vous l’avez fait jour après jour, en abandonnant 27 ans de votre vie passés en
prison, en sacrifiant femme et enfants pour ne plus que vos frères africains
soient considérés comme des sous-hommes dans leur propre pays.
« Quand votre vie
est la lutte, comme l’a été la mienne,
il reste peu de place pour la famille. Cela a toujours été mon plus grand
regret et l’aspect le plus douloureux de la vie que j’ai choisie. »
Ce
chemin vers la liberté a été long, et rude, mais beau. La haine ne vous a pas
envahi, pas plus que l’amertume, ou la rancune. Bien au contraire, sans rien concéder
sur l’essentiel, vous avez tendu la main à l’oppresseur hier pour le pousser
jusqu’au bout de l’absurde afin qu’il se rende à l’évidence et mette fin à ce
système à bout de souffle.
« Même quand j’étais
enfant j’ai appris à vaincre mes adversaires sans les humilier »
Vous
n’êtes pas un saint, et n’avez jamais prétendu l’être. Avant de tendre la main
vous avez, vous aussi utilisé la violence pour faire entendre la voix de vos frères.
« Un combattant de
la liberté apprend de façon brutale que c’est l’oppresseur qui définit la
nature de la lutte, et il ne reste souvent à l’opprimé d’autres recours que d’utiliser
les méthodes qui reflètent celles de l’oppresseur. A un certain moment on ne
peut combattre le feu que par le feu. »
En
esprit aiguisé, en fin tacticien, et en meneur d’hommes vous avez réussi à
déjouer tous les pièges de l’enfermement, pour en sortir plus fort, plus
combatif, plus humain, et j’ose dire plus politique.
« J’ai découvert
que l’on pouvait supporter l’insupportable si l’on gardait le moral même quand
le corps souffrait.
De fortes convictions sont le secret de la
survie ; on peut avoir l’esprit plein, même si on a le ventre vide. »
Les
geignards professionnels qui nous entourent devraient méditer chaque jour vos
mots, Mr Mandela….
De
ces mémoires en partie écrites en cachette en détention, il ressort une grande
humilité devant ce qui a été entrepris mais aussi ce qui restait à faire, et, une vitalité communicatrice.
Le
tout est d’une grande fluidité. Outre de nous plonger dans les méandres de l’histoire
sud-africaine, il nous en apprend beaucoup
sur la vie et la culture tribale qui forgent les hommes et les destinées.
Il
y aurait tant à dire de cet ouvrage,
mais le mieux est encore de le lire pour s’en faire sa propre opinion.
Un long chemin vers la
liberté, Nelson Mandela
Fayard, Janvier 1995/ Le
livre de poche, Décembre 1996
675 /750 pages
4ème de
couverture :
Commencés
en 1974 au pénitencier de Robben Island, ces souvenirs furent achevés par
Nelson Mandela après sa libération, en 1990, à l'issue de vingt-sept années de
détention.
Rarement
une destinée individuelle se sera aussi étroitement confondue avec le combat
d'un peuple et le devenir d'une nation. Né et élevé à la campagne, dans la
famille royale des Thembus, Nelson Mandela gagne Johannesburg où il va ouvrir
le premier cabinet d'avocats noirs et devenir un des leaders de l'ANC. Dès
lors, à travers la clandestinité, la lutte armée, la prison, sa vie se confond
plus que jamais avec son combat pour la liberté, lui conférant peu à peu une
dimension mythique, faisant de lui l'homme clef pour sortir son pays, l'Afrique
du Sud, de l'impasse où l'ont enfermé quarante ans d'apartheid.
Document
majeur sur un des grands bouleversements de la fin du XXe siècle, ce livre est
aussi le témoignage d'un combat exemplaire pour la dignité humaine.
Pour le challenge d'Alexandra (Afrique du sud)
Effectivement, c'est sans conteste un pavé :) ! Et un très beau, en plus, autour duquel j'ai tourné plus d'une fois, sans avoir le courage de m'y plonger (eh oui, le nombre de pages peut me faire hésiter ;) ). Je n'en apprécie que plus ton avis (sans pour autant me décider, au moins dans l'immédiat).
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