Elle
est haute comme trois pommes, c’est la guerre, son père est prisonnier, et sa
mère la confie à sa famille paternelle. Elle arrive dans une grande maison, vit
entourée de vieilles personnes qui seront pour elle oncle et tantes. Elle
reçoit de moins en moins de courrier de sa mère, cette dernière vient de moins en
moins la voir. Marie entend de plus en plus de plus en plus de chuchotements. Elle
sent bien qu’on lui cache des choses…mais quoi ? Cette maison-guerre comme
elle la nomme, est son refuge, sa boite à souvenirs et à secrets, la maison de l’attente.
Elle attend sa mère, et c’est de son père dont on lui entretient le souvenir ;
un père dont elle sait juste qu’elle a, au grand soulagement de tous, la
blondeur des cheveux. Il y a les mots qu’elle glane ici ou là, mais dont elle
ne comprend pas la signification. Cette guerre dont elle ne n’appréhende pas les
enjeux, et dont les oncles et tantes veulent à tout prix l’épargner
J’avais
envie d’une lecture cocoon, mais pas
mièvre. Avec Marie Sizun, je ne me suis pas trompée. Avec toute la tendresse
des mots et du phrasé, avec son elle sait dire les tourments de l’enfance,
faire éclore la mémoire, et amener la
vérité avec sensibilité et délicatesse.
Je
remercie vivement les éditions Arléa pour l’envoi de ce livre, et l’immense
plaisir que j’ai eu à retrouver l’écriture de Marie Sizun.
La maison-guerre,
Marie Sizun
Arléa, Janvier 2015
270 pages
4ème de
couverture :
« Quand je
suis fatiguée d’ici, des gens et des choses d’ici, c’est là-bas que je
retourne. À la maison. Cette maison qui n’existe pas, qui n’existe plus. C’est
un jeu, délicieux et cruel, comme tous les véritables jeux. On peut le
pratiquer partout, dans la foule du métro, ou prisonnier d’un long voyage en
train, ou quand, au coeur de la nuit, on se réveille dans l’étonnement triste
de sa vie. Alors, on s’en va, on retourne à la maison. La sienne. La maison
secrète. Chacun en a une. Pour moi, c’est la maison-guerre. »
A propos de l’auteur :
Marie
Sizun est née en 1940. Elle a été enseignante de lettres classiques à Paris, en
Allemagne ainsi qu’en Belgique. Elle a trois enfants et vit à Paris depuis
2001.
Marie
Sizun a reçu Le grand prix littéraire des lectrices de Elle pour son roman La
Femme de l’Allemand.
Elle
est également la lauréate du sixième Prix des lecteurs du Télégramme, le Prix
Jean-Pierre Coudurier, toujours pour La Femme de l’allemand.
Je le note car c'est une auteure qui a déjà su m'émouvoir.
RépondreSupprimerJ'aime cette auteure !
RépondreSupprimerLa Maison-Guerre - Marie Sizun
RépondreSupprimerPassionnée de littérature, Marie Sizun poursuit inlassablement sa carrière d’écrivain talentueux et nous offre aux Editions Arléa, le 8 janvier 2015, « La Maison-Guerre », son huitième roman d’une tendresse bouleversante. Dans ce livre, la narratrice adulte, en proie à ses souvenirs d’enfance, retourne spontanément à sa maison secrète, « La Maison-Guerre », « comme elle l’appelait dans sa tête d’enfant », ancienne demeure merveilleuse au jardin sublime, « folie de verdure », croulant sous les fleurs, source infinie de sensations visuelles, auditives, olfactives … encore intactes - magie de la mémoire - ; située en Île de France, c’était « La maison des tantes ». En 1943, alors qu’elle avait à peine cinq ans, sa maman, actrice à Paris, l’avait placée là afin qu’elle soit en sécurité.
Dès le matin, « dans un sournois bonheur, tu te glisses dehors comme un chat. Tu l’aimes tellement ce grand jardin, même s’il t’emprisonne… un monde clos étroitement entouré de hautes haies de laurier qui ne laissent rien voir de l’extérieur ». Tu découvres une foule de plantes, d’insectes, d’animaux… Tu t’inventes des histoires, tu parles aux arbres : tu confies tes secrets à un peuplier.
Cependant, chaque matin, elle vient dans l’anxiété inspecter la boîte à lettres pour voir si sa mère lui a écrit : « C’est comme ça , ma chérie, sois patiente, bientôt la guerre sera finie »… Ses visites se font rares. La petite découvre la solitude… Que de mystères et de non-dits dans cet univers étrange !
Très beau roman, attachant, au style fluide, à l’écriture élégante, très vivante, exigeante, poétique et musicale où Marie Sizun, pour notre plus grand bonheur, donne libre cours à son immense sensibilité, et se lit d’une traite.
Yvette Bierry - 8 janvier 2015