« Ici c’est un camp de la mort, un camp où on crève.
Ici c’est une île des morts. L’homme ne vient pas ici pour vivre, mais pour y
recevoir sa mort, qui plus tôt, qui plus tard. »
Réunion
de textes écrits en déportation, enterrés par son auteur, trouvés et publiés
par la suite, ce témoignage vaut par l’instantanéité et l’interpellation
permanente à l’adresse de celle ou celui qui le lira…
Le
premier manuscrit est une forme de long journal où la traductrice a laissé ce
qui n’avait pu être traduit ou déchiffré. Zalmen Gradowski y relate l’arrivé au
camp d’Auschwitz.
Le
second est davantage une succession de courts textes, nettement plus
littéraires dont il ressort l’érudition de l’auteur ainsi que sa culture
hébraïque.
Zalmen
Gradowski ne parle pas de lui, ni pour lui, mais au nom de son peuple, et pour
son peuple dont il assiste, impuissant à la destruction.
C’est
en passant par de multiples sentiments contradictoires que l’on traverse la
lecture de ce témoignage. On y éprouve à la fois une certaine frustration de se
sentir en dehors de par la hauteur que prennent ces récits et l’absence de personnalisation
qu’y a mis l’auteur, et un immense effroi devant tant de réalisme, de vérité,
et de simplicité à dire l’horreur et la barbarie. De ces textes écrits
quasiment dans l’urgence, sans travail de relecture, ni correction, ni d’organisation,
nous percevons le caractère singulier. C’est ce qui lui donne sa valeur, et
laisse un peu en retrait l’aspect brut que je lui ai trouvé, parfois.
Écrits I et II –
Témoignage d’un Sonderkommando d’Auschwitz, Zalmen Gradowski
Édition dirigée et présentée par
Philippe Mesnard
Textes traduits du
yiddish par Batia Baum
Éditions Kimé, 2013
240 pages
4ème de
couverture :
Ces
Écrits ont été clandestinement rédigés par un des chefs de la résistance qui a
mené la révolte du quartier des chambres à gaz à Auschwitz-Birkenau le 7
octobre 1944. Dans le premier, Zalmen Gradowski témoigne de sa déportation avec
les siens, puis de leur sélection en tant que Juifs dès leur arrivée. Sa
famille est directement envoyée à la mort, lui est incorporé de force dans les
équipes chargées de faire fonctionner la machine génocidaire nazie. Dans son
second manuscrit, il fait le récit des relations qu’entretenaient les
Sonderkommandos entre eux et de l’assassinat des Juifs tchèques de
Theresienstadt. Se sachant condamné, il enterre ses manuscrits près des
crématoires. Pour la première fois, les voilà réunis dans une nouvelle
traduction avec un appareil critique entièrement réactualisé.
A propos de
l’auteur :
Zalmen
Gradowski (1910-1944) est un Juif polonais natif d’une région frontalière de la
Lituanie. Avant la guerre, il s’était essayé à écrire des nouvelles
littéraires, la Shoah a fait qu’il n’a vraiment réalisé son destin d’écrivain
qu’à travers le témoignage, avant d’être assassiné.
Pour La Pologne dans le challenge d'Helran .
Pour le challenge d'Enna catégorie:Mort
Le 26 avril 2015, Le Gradus ad Musicam marquera à sa façon la journée des déportés en donnant en concert, Salle Poirel, le Chant des rouleaux du compositeur contemporain Pierre Cholley qui s'est inspiré des textes de Zalmen Gradowski et de poèmes écrits en déportation
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire