« Vous
avez raison, Zondi, l’afrikans, c’est fait pour gueuler et donner des ordres…L’anglais
c’est bon pour revendiquer et se justifier, et vos justifications, vous savez
où je me les mets. Et si ça vous plait pas, vous pouvez toujours aller chialer
en zoulou. »
Tiens
donc, un polar sud- africain écrit en français, et d’une bien belle manière,
qui plus est ; voilà qui n’est pas banal. Et
Nous
sommes 10 ans après la Libération, autrement dit, après la fin de l’Apartheid,
entre Joburg et Prétoria. Les morts surgissent chaque samedi, le visage mutilé,
le corps lavé.
Zondi,
capitaine de police, est bien démuni ; pas le moindre indice, pas l’ombre
d’une idée…
Ferdinand
Despreez, dans une langue teintée d’humour sarcastique va nous jeter dans une
Afrique du Sud qui tout en ayant fait sa mue, ne s’est pas pour autant
débarrassée de ses vieux démons. Et c’est là tout l’intérêt de cette enquête
qui mêle le fait divers et la grande histoire à la croisée de des années de
plomb, et de longue et difficile
mutation de la nation arc en ciel.
La
langue de Despreez, celle de ses ancêtres huguenots, est directe, imagée,
pleine de rage, et sans demi-mesure. On perçoit dans cette écriture une
observation minutieuse de tout ce qui l’entoure, et un regard sans concession
sur les disfonctionnements d’un pays qu’il
aime et laisse sans illusion.
« Cette
Afrique du sud, qu’elle soit affligée de
la réductrice épithète de nouvelle ou d’ancienne, le capitaine Zondi l’aimait
de toute son âme et de ses tripes, mais il la détestait de toute sa tête… »
Voilà
un polar percutant, qui laisse KO. On en
redemande !!
La mémoire courte,
Louis-Ferdinand Despreez
Phébus, Mars 2006/
Points, Janvier 2008
214/250 pages
4ème de
couverture :
En
pleine période électorale, une série de meurtres déstabilise l’Afrique du Sud.
Chaque samedi matin, un homme est retrouvé dans une poubelle, sur le siège d’un
train, dans un parc ou devant le palais présidentiel. Les corps sont violemment
mutilés et la peau des visages a été arrachée. Comment identifier les victimes
? L’inspecteur Zondi va tenter d’enrayer le cycle infernal de ces crimes…
A propos de l’auteur :
Louis-Ferdinand
Despreez (pseudonyme littéraire) est un haut fonctionnaire et un écrivain
sud-africain.
Il
est le descendant d'huguenots français immigrés en Afrique du Sud après la
révocation de l'édit de Nantes en 1685.
Il
est d'expression anglaise mais parle et écrit en français : « Comme ce que
j'écris dans mes romans n'est ni correct ni convenable, il m'a semblé que le
français me permettrait d'aller beaucoup plus loin dans mes imprécations.
L'argot français permet de mettre de la distance entre les mots et les
situations. »
Membre
de l'African National Congress, il a travaillé depuis 1994 pour la réconciliation
nationale et peut-être pour des services d'espionnage.
Il
considère son activité d'écriture comme « fortement incompatible avec ses
autres activités » et doit respecter un rigoureux devoir de réserve et doit
pratiquer la langue de bois. Il a passablement bourlingué de par le monde et
n’a jamais eu les yeux dans sa poche.
Pour le challenge d'Enna, catégorie Taille(3ème ligne)
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