Au
bout du monde, dans l’archipel de Chiloé, Francisco Coloane nous raconte sa
terre, son terroir. Il y a sans doute une bonne part de Francisco dans le
personnage de Pedro avec lequel nous embarquons pour le bout du monde au milieu
des flots pour chasser la baleine. Bien sûr, c’est une époque révolue. Certaines
scènes ne manquent pas de nous révolter par tant de cruauté à l’égard de ce
géant des océans que l’on a chassé jusqu’à l’extinction, ou presque.
Auparavant,
Francisco Coloane nous aura immergé avec les Chilotes, des hommes rudes à la
tâche, et peu enclins aux sentiments, et à la compassion. Pédro, trop tôt
largué dans un monde d’adulte va devoir se faire une place, trouver sa voie, se découvrir et s’affirmer. Confronté à un
monde d’hommes l’enfant qu’il est fait irruption avec une certaine brutalité
dans la compagnie des hommes de mers qui en ont vu d’autres.
Francisco
Coloane a une langue à l’image de la rudesse des lieux et du métier. Il se fait
précis, pudique, et peu porté sur l’emphase. Mais il sait sans que l’on s’y
attende, se faire poète, et attendrir le lecteur. Son écriture décoiffe, et
secoue comme les vents qui balaient cet archipel où je retournerai volontiers
en compagnie de l’auteur.
Le sillage de la
baleine, Francisco Coloane
Phébus, Mai 1998,
Libretto, Mai 2014
256/280 pages
4ème de
couverture :
Le
jeune Pedro Nauto, né de père inconnu, perd sa mère alors qu’il n’a que treize
ans. Lui qui ne rêve que d’aventures au grand large, de pêche miraculeuse et de
monstres de légende, se retrouve confronté à la violence du monde adulte dans
les tripots de Puerto Montt. Il croit trouver sa voie en s’embarquant à bord du
Leviatán, un baleinier commandé par un vieux loup de mer qui fait route vers
l’Antarctique...
Considéré
comme le livre le plus ambitieux de Coloane, son Moby Dick en quelque sorte, Le
Sillage de la baleine est un roman total, ébouriffé, violent et généreux. Un
roman ennemi de la mesure et de la précaution, mais ouvert comme aucun autre
sur le vaste mystère du monde.
A propos de l’auteur :
Né
en 1910 dans l’île de Chiloé, au sud du Chili, d’un père capitaine de
baleinier, Francisco Coloane multiplia les professions : matelot, contremaître
dans de grands élevages de moutons, explorateur, prospecteur pétrolier,
dessinateur de cartes, autant d’expériences où puiser le sel de ses récits.
Prix national de la littérature en 1964, Coloane s’éteint sur sa terre natale à
l’âge de 92 ans, laissant derrière lui une œuvre exemplaire, symbole pour la
jeunesse de son pays de l’identité culturelle latino-américaine.
Pour le challenge d' Enna, catégorie Animal(4ème ligne)
12/24
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