samedi 27 août 2016

A la place du mort



"Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains" Telle est l’entrée en matière de la libraire pour me présenter ce livre alors que je voulais absolument m’acheter une nouveauté…"N’en dites pas plus, je le prends ! "

« Le pistolet était placé à côté du frein à main. »
Cela démarre comme cela… Roman policier ? Non, rayon littérature générale ! Inutile de chercher sur internet des renseignements sur son auteur. Il s’agit d’un pseudonyme, me dit la libraire. Cet homme occupe un "haut poste à Paris"….

A mesure que l’on avance dans ce roman-confession, on comprend effectivement que cet homme n’a guère envie de se dévoiler.

David est un garçon sans histoire ; il a 12 ans, un frère ainé mort dont l’ombre est pesante dans la famille. Un jour, alors qu’il attend devant son lycée la sortie d’une camarade de classe, il se fait enlever… le cauchemar durera 3 heures….

C’est de cela dont i est question, ici. David a une trentaine d’année de plus. Depuis, il a fait sa vie. David prend la plume pour raconter ce qu’il a vécu, alors que sa mémoire avait consciencieusement enfoui les faits.

Ce récit admirablement écrit, est constamment entre coupé de fragments de vie d’enfance, d’adolescent et d’adulte. Il montre comment ce garçon a utilisé ce qui lui est arrivé pour construire une vie d’adulte contrastée. Si sa vie professionnelle est brillante, sa vie personnelle est contrastée.

David a résolument choisi de ranger du côté des vivants plutôt que des morts. Il a fait de son drame un tremplin, plutôt qu’un poison qui l’aurait tué à petit feu. Il ne se sent pas l’âme d’une victime.

La plume de Paul Baldenberger est lumineuse ; chaque mot est choisi avec soin sans tomber dans l’ellipse et la métaphore. Autrement dit, quand il le faut  le propos se fait sans équivoque, peut être parfois cru…

Ce roman se lit en apnée. Il donne la rage au ventre, va droit au cœur. Je suis admirative de la distance prise par cet homme face à la chose et surtout l’instinct de survie du jeune garçon prouvé par sa réaction au moment des faits. C’est ce qui, à mon sens, rend ce roman aussi touchant. Il ne fait pas pleurer ; il interpelle, interroge. Il inspire le respect, et une saine empathie, et non une pitié larmoyante inefficace.

A la place du mort, Paul Baldenberger, éditions des équateurs (Août 2016, 190 pages)

Paul Baldenberger vit et travaille à Paris

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