Les mélomanes connaissent bien la sonate à Kreuzer, pièce
musicale remarquable écrite pour le piano et le violon de ce cher Beethoven ;
la neuvième sur les10 composées par le maitre, crée en 1803, non pas par
Kreuzer, mais par un certain Georges Bridgetower.
Tel est donc dans les grandes lignes le fil conducteur de
ce très beau roman d’Emmanuel Dongala, dont j’ai maintes fois entendu du bien sans
avoir eu le temps de le découvrir. C’est chose faite, avec la certitude d’y
revenir !
Nous somme en 1789, à Paris la révolution gronde. Le
jeune Bridgetower, violoniste talentueux accompagne son père, un prétendu
prince Abyssinien de la Barbade. Ce dernier est à la recherche du cachet tant
pour son fils que pour lui-même et satisfaire son goût pour le jeu et les
femmes.
Outre l’immersion dans la vie musicale de l’époque
(Haydn, Mozart, Corelli, Hummel), entre Paris, Londres et Vienne (à ce propos,
la rencontre avec Beethoven n’aura lieu que tardivement), Dongala met l’accent
sur la question de l’esclavage, et de la traite négrière L’agitation politique
dans le pays à cette époque souffle le chaud et le froid à ce sujet. On y
rencontre les figures majeures passées depuis à la postérité.
La relation père-fils est abondement mise en avant dans
la première partie du livre. C’est ainsi que l’on part d’un enfant totalement
soumis à la volonté d’un père cherchant à se donner une certaine posture, et
surtout à exister via l’immense talent ‘un fils qui peine à s’exprimer. L’évolution
de ce dernier au cours de ce roman est fort intéressante.
Dongala signe ici un très bon ouvrage, bien écrit, et bien documenté, qu’il m’est impossible,
pour l’instant, de situer dans l’ensemble de son œuvre, fort appréciée.
La sonate à Bridgetower d’Emmanuel Dongala (Janvier 2017,
340 pages)
Emmanuel Boundzéki Dongala est
un écrivain congolais et chimiste. Il est né en 1941 ,en République
centrafricaine de père congolais et de mère centrafricaine.
Il est diplômé Master of Sciences de la Rutgers
University (U.S.A.) et Docteur ès Sciences de l'Université de Montpellier
(France). Il a enseigné la chimie à la faculté des sciences de Brazzaville
jusqu'à la guerre civile qui a ravagé le Congo en 1997.
A Brazaville il avait fondé en 1981 le Théâtre de
l’Eclair, compagnie avec laquelle il avait monté plusieurs pièces d’auteurs
congolais ou étrangers. Il avait également présidé l'Association nationale des
écrivains du Congo.
Il vit depuis 1997 aux États-Unis où il est professeur de
chimie à Simons' Rock Collège, dans le Massachusetts, et professeur de
littérature africaine francophone à Bard College dans l'état de New-York.
Emmanuel Dongala est lauréat du Prix Fonlon-Nichols
l'excellence littéraire 2003. La Bourse de Beaumarchais lui avait été attribuée
en 1992.
Le feu des origines, roman, Albin Michel, 1987, Le
Serpent à Plumes, 1998, Prix Charles Oulmont - Fondation de France (1988),
Grand Prix Littéraire de l'Afrique Noire (1988), traduit en danois, en espagnol
et en norvégien.
Il a reçu le 2 novembre 2010 le prix Virilo 2010 et le
prix Ahmadou-Kourouma en 2011 pour son roman "Photo de groupe au bord du
fleuve" paru chez Actes Sud.
Un roman que, comme toi, j'ai beaucoup aimé !
RépondreSupprimer