« Frank Gilmore et Bessie Brown étaient des
êtres pitoyables et misérables. Je les aime, mais je dois dire ceci : c’est
une tragédie qu’ils aient eu des enfants. »
Paroles
d’un fils issu d’une fratrie de 4, seul rescapé, le seul qui ait bien tourné….
Quelle
famille ! Quel héritage ! Quelle lignée !
Telle
est la réflexion qui vient à l’issue de la lecture de ce livre. On dit que la
violence nait de la violence.
Le
père, Frank battait sa femme, disparaissait de longues semaines du foyer,
menaient des affaires douteuses ; il cognait régulièrement sur ses fils,
et certains en particulier. Mikal, n’est pas de ceux- là ; il est le cadet ;
il n’a pas tout à fait reçu le même héritage…
Gary,
est le raté de la famille ; il semble avoir cumulé toutes les tares, avoir
accumulé tous les coups, avoir été imprégné de toutes les peurs. Il aura passé
durant sa courte vie plus d’année en prison, qu’en dehors de la prison. Condamné
à mort alors que l’état de l’Utah ne l’applique pas, il demandera à être exécuté
sans doute pour échapper une bonne fois pour toute à son destin.
Ce
livre, terrible récit, est le fruit d’une
enquête minutieuse du frère cadet, sur sa famille, ses origines pour tenter d’expliquer
ce qui gangrène inexorablement sa famille.
Autant
le dire de suite, c’est douloureux, sordide, à la limite du soutenable, à peine
croyable. Rédigé dans un style journalistique, direct, et explicite, ce récit
se veut exhaustif, fouillé, et d’une honnêteté que je crois profondément sincère.
Il
parvient, malgré les liens de parenté, et l’amour qu’il porte aux siens, à ne
tomber ni dans la complaisance, ni à contrario dans l’accusation arbitraire.
Mikal Gilmore n’a pas de réponse toute faites ; mais au contraire il s’interroge
beaucoup, souffre beaucoup….
Mikal
Gilmore, bien qu’épargné d’une certaine façon par les démons de cette famille,
et de fait ayant suivi un autre chemin de vie, n’a pas échappé aux conséquences
silencieuses d’un tel héritage. Ce récit lui aura au moins permis de se
libérer, et de se dépasser.
On
sort de ce livre puissant, émouvant et particulièrement intéressant lessivé et KO, en tout cas pas indemne !
Par contre, je ne sais pas si la notion de coup de cœur est , dans ce cas
présent, opportune ; c’est une idée de cet ordre, mais formulée autrement….
Un
long silence de Mikal Gilmore, traduit de l’américain par Fabrice Pointeau,
chez Sonatine (février 2011, 565 pages), disponible en poche chez Points (février
2012, 610 pages)
Mikal
Gilmore est né en 1951 à Portland.
Un
long silence a remporté le National Book Critics Circle Award.
Frère
de Gary Gilmore, condamné à mort et exécuté en 1976 en Utah. En 1995, les mémoires
de Mikal Gilmore détaillent sa relation avec Gary et leur famille souvent
troublée.
Bonjour Mimi, merci pour ce rappel d'un livre que j'aimerais lire. Et bravo pour le Challenge. Bon dimanche.
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas du tout. On voit bien qu'il a eu une fonction thérapeutique pour l'auteur.
RépondreSupprimerJe le note peut être pour le mois américain... mais j'ai déjà une longue liste !!!! :)
RépondreSupprimerJe l'ai lu et adoré un été. C'est une histoire poignante, et j'aimerais lire "Le chant du bourreau" depuis pour avoir le regard d'un écrivain.
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