« Je commence à comprendre que pour parler d’Evelyne,
je dois accepter que des souvenirs personnels s’immiscent dans le récit. »
Ce
devait être l’œuvre d’une personne, Evelyne Pisier, dans laquelle elle
souhaitait relater sa mère et se raconter. La vie ne lui en aura pas donné le
temps. Son éditrice et amie, Caroline Laurent, au-delà de son rôle d’éditrice s’était
engagé auprès du mari de son amie, le juriste et politologue ben connu Olivier
Duhamel, à terminer et publier le livre sous forme de roman.
Cela
donne un ouvrage protéiforme ; le roman en lui-même avec ses personnages rebaptisés,
ses omissions volontaires et assumées ;une forme plus descriptive de ce qu’a
été la vie d’Évelyne et de son entourage familial et amical, et le point de vue
de Caroline Clément qui intègre son cheminement personnel dans la conception et
la genèse de ce livre.
Ce
roman est également un balayage historique allant de la seconde guerre mondiale
aux grands mouvements des années 70, un témoignage sur l’émancipation des
femmes prisonnières des mentalités d’un France colonialiste et bourgeoise, un
tableau pas toujours très reluisant de la manière dont la nation mère traitait
ses ressortissants du bout du monde .
J’ai
vraiment beaucoup aimé ce roman/récit, pour ses qualités d’écriture, pour le
formidable témoignage d’une certaine époque, et surtout pour tout ce qu’il
comporte de preuves d’amitié et d’hommage d’une éditrice envers son auteur et
amie. L’implication de l’auteur est importante sans être écrasante ; c’est
tout la force de cet ouvrage.
Et
soudain, la liberté, d’Évelyne Pisier et Caroline Laurent, aux éditions des
escales (Août 2017, 440 pages)
Évelyne
Pisier
(1941-2017) est une écrivaine et politologue française.
Fille
d'un haut fonctionnaire français, maurrassien partisan du Régime de Vichy, en
poste à Hanoï, elle est internée à un an dans un camp de concentration japonais
après l'invasion de l'Indochine. Elle vit ensuite à Nouméa, où son père est
muté, puis s'installe à Nice avec sa mère et sa sœur, l'actrice Marie-France
Pisier (1944-2011).
Sa
mère se donne la mort par empoisonnement en 1988, à l'âge de 64 ans, deux ans
après que son père se soit également suicidé par arme à feu.
En
1964, militante féministe et engagée à gauche, elle embarque avec d'autres
étudiants pour à Cuba où elle se lie à Fidel Castro. Elle épouse ensuite
Bernard Kouchner (1939) (avec qui elle aura trois enfants) et, sans cesser de
militer, passe sa thèse de droit public en 1970.
Évelyne
Pisier est docteur en droit de l'université Paris II, auteur d'une thèse
soutenue en 1970 sous la direction de Georges Lavau et intitulée "Le
service public dans la théorie de l'État de Léon Duguit". Agrégée de droit
public et de sciences politiques, elle est nommée enseignante à l'IEP de Paris
en 1972.
Elle
se remarie avec le politologue Olivier Duhamel (1950), et ensemble, ils
adoptent deux enfants chiliens.
En
1989, elle est nommée directrice du Livre au ministère de la Culture par Jack
Lang. Elle est démise par Jacques Toubon en 1993.
En
1994, Evelyne Pisier intègre l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne comme
professeur émérite.
Caroline
Laurent
est née en 1988. Agrégée de lettres modernes, directrice littéraire et amie
d’Evelyne Pisier
Gros coup de cœur pour moi !
RépondreSupprimerJe caignais un peu qu’il passe sur les relectures de janvier au détriment de L’avancée de la nuit. Bon, tu sembles avoir aimé, on verra bien
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