"Les grands voyages ont ceci de merveilleux
que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on
rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues..."
Kessel
l’aventurier et journaliste, nous relate ici un voyage qu’il effectua avec un
de ses amis en Birmanie, et plus particulièrement dans une région très secrète,
et ô combien stratégique pour ce pays, surtout depuis l’installation de la dictature
militaire.
La
Birmanie recèle en son sol quelques variétés
de pierres précieuses, et en particulier le rubis "sang de pigeon".
Nous sommes à Mogok, dans la célèbre vallée des rubis.
Il
faut remettre ce récit dans son contexte historique ; le voyage date
probablement des années 50. L’aviation commerciale est balbutiante ; les
trajets sont très longs, chaotiques. Le pays vient tout juste de se libérer da
la tutelle britannique ; l’état contrôle ses ressources, ou du moins fait
tout ce qu’il peut pour y parvenir.
L’ouvrage
à ceci d’intéressant qu’il confronte à la fois les humbles chargées de l’extraction
des rubis, des puissants toujours plus avides et des européens peu scrupuleux.
L’intrigue de départ est vite oubliée pour laisser place à un large panorama humain,
et un très beau travail de description des lieux et du climat "social"
local.
En
ce qui concerne le style, on peut regretter que l’aspect journalistique ait
pris le pas sur le romanesque ; ce qui aurait donné un peu plus de liant
et de fluidité à l’ouvrage.
Ce
dernier n’en reste pas moins une bonne approche d’un pays fascinant et
énigmatique que je devrais découvrir dans quelques semaines.
La
vallée des rubis de Joseph Kessel (Galimard 1955 ; Folio 1994, 260 pages)
Joseph
Kessel
est un romancier, aventurier, journaliste et aviateur français ; né en
Argentine en 1898 décédé en France en 1979.
Fils
de Samuel Kessel, médecin juif d’origine lithuanienne qui vint passer son
doctorat à Montpellier, puis partit exercer en Amérique du Sud, Joseph Kessel
vécut en Argentine ses toutes premières années, pour être emmené ensuite de
l’autre côté de la planète, à Orenbourg, sur l’Oural, où ses parents résidèrent
de 1905 à 1908, avant de revenir s’installer en France.
Il
fit ses études secondaires au lycée Masséna, à Nice, puis au lycée
Louis-le-Grand, à Paris.
Infirmier
brancardier durant quelques mois en 1914, il obtint en 1915 sa licence de
lettres et se trouva engagé, à dix-sept ans, au Journal des Débats, dans le
service de politique étrangère.
Ainsi,
quand le conflit s’acheva et que Kessel, dès qu’il eut atteint sa majorité,
demanda la nationalité française, il portait la croix de guerre, la médaille
militaire, et il avait déjà fait deux fois le tour du monde.
Son
premier ouvrage, La Steppe rouge était un recueil de nouvelles sur la
révolution bolchevique. Après L’Équipage (1923), qui faisait entrer l’aviation
dans la littérature, il publia Mary de Cork, Les Captifs (grand prix du roman
de l’Académie française en 1926), Nuits de princes, Les Cœurs purs, Belle de
jour, Le Coup de grâce, Fortune carrée (qui était la version romanesque de son
reportage Marché d’esclaves), Les Enfants de la chance, La passante du
Sans-souci, ainsi qu’une très belle biographie de Mermoz, l’aviateur héroïque
qui avait été son ami. Tous ces titres connurent, en leur temps, la célébrité.
Correspondant
de guerre en 1939-40, il rejoignit après la défaite la Résistance (réseau
Carte), avec son neveu Maurice Druon. En mai 1943, les deux hommes composaient
les paroles du « Chant des Partisans », voué à devenir le chant de ralliement
de la Résistance.
Entre-temps,
il avait publié un long roman en trois volumes, Le Tour du malheur, ainsi que
Les Amants du Tage, La Vallée des Rubis, Le Lion, Tous n’étaient pas des anges,
et il ferait revivre, sous le titre Témoin parmi les hommes, les heures
marquantes de son existence de journaliste.
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