dimanche 4 mars 2018

La mal aimée



La littérature birmane est rare ; peu de birmans ont écrit (dans leur langue ou en anglais), alors que français, anglais  ont été inspirés par ce pays dans ce qu’on appelle la littérature de voyage.

La mal aimée est le fruit d’une figure connue en Birmanie, que la très bonne  et confidentielle maison d’édition de l’Harmattan a eu la bonne idée de publier.

Nous sommes dans les années 40, la Birmanie est encore sous le joug britannique. Way Way est une femme raffinée, éduquée et très respectueuse  des traditions de sons de son pays. Elle seconde son père dans le négoce du riz quand elle s’éprend d’un birman très anglicisé, et obnubilé par la culture occidentale.

Ce mariage, est donc un choc des cultures.

Ma Ma Lay nous dépeint cette confrontation entre les époux ; l’un s’acharnant à effacer la profonde birmanité de l’autre dans un contexte colonialiste de moins accepté par le peuple birman résolument attaché à son indépendance et à sa culture.

La femme birmane, tout au long de l’histoire, a toujours joui d’une certaine liberté. Il est donc curieux de voir Way Way prendre le chemin inverse en devenant  en quelque sorte la marionnette d’un mari rejetant chaque aspect de sa culture.

La mal aimé, est une très belle étude sociologique et psychologique. Ce roman soulève sans ostentation  les conséquences de la colonisation, et de la perte identitaire d’un peuple fier de ce qu’il est et de sa culture.

Une bien belle découverte que cet ouvrage qui complète judicieusement  mon approche de ce pays.

La mal aimée de Ma Ma Lay, traduit du birman par Jean Claude Augé et Khin Lay Myint, aux éditions de l’harmattan (1994, 240 pages)


Née près de Bogalay, une petite ville du delta de l'Irrawaddy, au sud de la Birmanie, Ma Ma Lay (1917-1982) a non seulement été une femme de lettres, mais aussi journaliste, éditrice et militante politique. Outre son oeuvre journalistique - articles engagés dans la cause féministe, chroniques sociales, pamphlets politiques -, elle a écrit une quarantaine d'ouvrages de genres variés : récits autobiographiques, traités de médecine traditionnelle, nouvelles et romans. Féministe convaincue, ardente nationaliste, elle s'est engagée dans la lutte contre le joug colonial britannique, puis l'impérialisme japonais, dont le livre 'Thway' porte témoignage. Maltraitée par la dictature militaire - elle a été emprisonnée quatre ans -, affaiblie par la maladie, Ma Ma Lay s'est éteinte à Rangoon à l'âge de soixante-cinq ans.

1 commentaire:

  1. Je pense que je n'ai jamais lu d'auteur provenant de ce pays... du coup, je suis fort curieuse!

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