La
littérature birmane est rare ; peu de birmans ont écrit (dans leur langue
ou en anglais), alors que français, anglais
ont été inspirés par ce pays dans ce qu’on appelle la littérature de
voyage.
La
mal aimée est le fruit d’une figure connue en Birmanie, que la très bonne et confidentielle maison d’édition de l’Harmattan
a eu la bonne idée de publier.
Nous
sommes dans les années 40, la Birmanie est encore sous le joug britannique. Way
Way est une femme raffinée, éduquée et très respectueuse des traditions de sons de son pays. Elle seconde
son père dans le négoce du riz quand elle s’éprend d’un birman très anglicisé,
et obnubilé par la culture occidentale.
Ce
mariage, est donc un choc des cultures.
Ma
Ma Lay nous dépeint cette confrontation entre les époux ; l’un s’acharnant
à effacer la profonde birmanité de l’autre dans un contexte colonialiste de
moins accepté par le peuple birman résolument attaché à son indépendance et à
sa culture.
La
femme birmane, tout au long de l’histoire, a toujours joui d’une certaine
liberté. Il est donc curieux de voir Way Way prendre le chemin inverse en
devenant en quelque sorte la marionnette
d’un mari rejetant chaque aspect de sa culture.
La
mal aimé, est une très belle étude sociologique et psychologique. Ce roman
soulève sans ostentation les
conséquences de la colonisation, et de la perte identitaire d’un peuple fier de
ce qu’il est et de sa culture.
Une
bien belle découverte que cet ouvrage qui complète judicieusement mon approche de ce pays.
La
mal aimée de Ma Ma Lay, traduit du birman par Jean Claude Augé et Khin Lay
Myint, aux éditions de l’harmattan (1994, 240 pages)
Née
près de Bogalay, une petite ville du delta de l'Irrawaddy, au sud de la
Birmanie, Ma Ma Lay (1917-1982) a non seulement été une femme de
lettres, mais aussi journaliste, éditrice et militante politique. Outre son
oeuvre journalistique - articles engagés dans la cause féministe, chroniques
sociales, pamphlets politiques -, elle a écrit une quarantaine d'ouvrages de
genres variés : récits autobiographiques, traités de médecine traditionnelle,
nouvelles et romans. Féministe convaincue, ardente nationaliste, elle s'est
engagée dans la lutte contre le joug colonial britannique, puis l'impérialisme
japonais, dont le livre 'Thway' porte témoignage. Maltraitée par la dictature
militaire - elle a été emprisonnée quatre ans -, affaiblie par la maladie, Ma
Ma Lay s'est éteinte à Rangoon à l'âge de soixante-cinq ans.
Je pense que je n'ai jamais lu d'auteur provenant de ce pays... du coup, je suis fort curieuse!
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