Quand
les mots font bien plus mal que les coups….
Lui
ne frappe pas, mais il parle, insulte, humilie, rabaisse, détruit à petit feu…
Face
à la violence conjugale, quand on est à l’extérieur, la solution est simple :
il suffit de partir ; pourquoi rester avec quelqu’un qui vous maltraite,
vous bas, ou vous injurie.
Pourquoi ?
Parce
que ça n’est pas si simple, en réalité de quitter l’homme que l’on a aimé,
désiré, que l’on aime parfois encore malgré tout, celui qui est le père des
enfants. Parce qu’il est terriblement culpabilisant de priver les enfants de leur
père.
Parce
qu’à chaque insulte, il y a l’excuse, la promesse de plus recommencer, la
volonté de se soigner.
Parce
qu’il a réussi une première fois à changer, et qu’à priori, il a compris….
Parce
que face à cette violence domestique, une femme est seule. Si les enfants
comprennent bien plus qu’il n’en parait, on ne prend pas en otage un enfant de
la sorte. La famille et les amis sont souvent les derniers à savoir, à deviner .
Amélie
Cordonnier met en scène le quotidien d’une femme que la violence des mots a
fait sombre une première fois, et qui quelques années après revit l’enfer
verbal d’un époux qui se déchaîne sur sa femme. Elle arrive à la quarantaine,
et semble résolue à décider pour son anniversaire à trancher.
Ce
qui frappe c’est le choix narratif de l’auteur ; le "tu" est
omniprésent ; un tu qui s’adresse directement à cette femme, un tu qui est
cette femme s’adressant à elle-même. Pour se donner le courage nécessaire pour
décider ? Pour se distancier ?
L’écriture
percutante et incisive de ce roman dit l’urgence d’en finir, de se reconstruire,
de décider.
Ce
premier roman a un caractère universel ; il nous parle de ces familles
modèles et idéales de l’extérieur dont personne ne pourrait imaginer les drames
internes.
Trancher
d’Amélie Cordonnier, chez Flammarion (Août 2018, 160 pages)
Amélie
Cordonnier
est journaliste. Trancher est son premier roman.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire