Il
m’aura fallu pas moins de dix jours pour pouvoir digérer ce roman, et m’atteler
à la rédaction d’un avis, qui sera qu’un pâle reflet de ce que j’ai pu ressentir
lors de ma lecture.
Nous
sommes à la veille de la loi de 1901, dans un village isolé des Cévennes. La
vie est rude, les habitants semblent assez rustiques ; mais tout semble sans
histoire ; en tout cas en apparence. Parce que si l’on gratte un peu…
L’ordre
des choses soudain perd le nord. Entre les brebis atteintes d’un mal étrange,
des morts subites, des meules de foin qui s’embrasent, un bébé mort-né, la jument
d’Ernest qui se putréfie…‶Les enfants se
vengent″ souffle l’un des villageois…
Dix-sept
ans auparavant, ils ont vu les enfants quitter le bagne des environs ; des
cadavres ambulants, chétifs, rachitiques, anéantis. Des enfants, considérés
alors comme des délinquants, et condamnés à la correction, enfermés et laissés
à l’abandon et dont chaque habitant porte une part de responsabilité.
Des
enfants que l’on croyait oubliés à jamais et qui dix-sept plus tard n’ont pas
tout à fait quitté les lieux…
Dans
ce village où chacun aurait quelque chose à dire, personne ne parle ; pas plus
du passé que du présent, et de ce qui se passe dans la ferme entre le vieil
Ernest et sa nièce Blanche. Blanche qui rêve d’une autre vie, mais qui renonce.
″ Elle ressemble à ces plaques de givre,
l’hiver, qui reculent à mesure que le soleil avance. ‶
L’Eglise
complice et cynique se tait, elle règne en maître, mais plus pour très
longtemps, la séparation de l’Eglise et de l’Etat est en marche.
Ce
roman prend aux tripes, dès les premières pages, dès le premier chapitre, qui
comme les suivants commencera par un extrait de registre d’écrou donnant au livre
le ton glaçant qui ne le quittera pas.
Dans
ce roman à l’écriture addictive, et à la construction impeccable, Jean-Christophe
Texier y aborde l’enfance maltraitée, le silence coupable des civils et des
religieux et de l’état. La lecture en est épouvante et poignante.
Je
ne l’oublierai pas de sitôt !
Merci
aux éditions Albin Michel pour l’envoi
de ce livre dans le cadre d’une masse
critique Babélio.
Les mal-aimés
de Jean-Christophe Tixier chez Albin Michel (Février 2019,330 pages)
Jean–Christophe
Tixier est né en
1967. Créateur du salon polar de Pau « Un Aller-Retour dans le Noir », il est
également un auteur jeunesse reconnu (une vingtaine de titres salués par la
critique). Il vit actuellement entre Pau et Paris.
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