lundi 18 février 2019

Les mal-aimés


Il m’aura fallu pas moins de dix jours pour pouvoir digérer ce roman, et m’atteler à la rédaction d’un avis, qui sera qu’un pâle reflet de ce que j’ai pu ressentir lors de ma lecture.

Nous sommes à la veille de la loi de 1901, dans un village isolé des Cévennes. La vie est rude, les habitants semblent assez rustiques ; mais tout semble sans histoire ; en tout cas en apparence. Parce que si l’on gratte un peu…
L’ordre des choses soudain perd le nord. Entre les brebis atteintes d’un mal étrange, des morts subites, des meules de foin qui s’embrasent, un bébé mort-né, la jument d’Ernest qui se putréfie…‶Les enfants se vengent″ souffle l’un des villageois…

Dix-sept ans auparavant, ils ont vu les enfants quitter le bagne des environs ; des cadavres ambulants, chétifs, rachitiques, anéantis. Des enfants, considérés alors comme des délinquants, et condamnés à la correction, enfermés et laissés à l’abandon et dont chaque habitant porte une part de responsabilité.
Des enfants que l’on croyait oubliés à jamais et qui dix-sept plus tard n’ont pas tout à fait quitté les lieux…

Dans ce village où chacun aurait quelque chose à dire, personne ne parle ; pas plus du passé que du présent, et de ce qui se passe dans la ferme entre le vieil Ernest et sa nièce Blanche. Blanche qui rêve d’une autre vie, mais qui renonce. ″ Elle ressemble à ces plaques de givre, l’hiver, qui reculent à mesure que le soleil avance. 

L’Eglise complice et cynique se tait, elle règne en maître, mais plus pour très longtemps, la séparation de l’Eglise et de l’Etat est en marche.

Ce roman prend aux tripes, dès les premières pages, dès le premier chapitre, qui comme les suivants commencera par un extrait de registre d’écrou donnant au livre le ton glaçant qui ne le quittera pas.

Dans ce roman à l’écriture addictive, et à la construction impeccable, Jean-Christophe Texier y aborde l’enfance maltraitée, le silence coupable des civils et des religieux et de l’état. La lecture en est épouvante et poignante.
Je ne l’oublierai pas de sitôt !

Merci aux éditions Albin Michel pour l’envoi de ce livre dans le cadre d’une masse critique Babélio.

Les mal-aimés de Jean-Christophe Tixier chez Albin Michel (Février 2019,330 pages)


Jean–Christophe Tixier est né en 1967. Créateur du salon polar de Pau « Un Aller-Retour dans le Noir », il est également un auteur jeunesse reconnu (une vingtaine de titres salués par la critique). Il vit actuellement entre Pau et Paris.

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