Voilà
un ouvrage qui avait échappé aux grandes maisons d’édition ; mais pas à l’immense
Simenon qui l’avait lu en son temps en anglais. Les éditions Sonatine vienne de
réparer ce malheureux raté.
C’est
pourtant une histoire simple, banale. Un chef d’entreprise fondu de travail, qui
vit depuis des lustres aux côté d’une femme devenue transparente. Un mariage de
façade, d’habitudes, de non-dits. Personne n’a plus rien à se dire, mais on reste
ensemble parce que c’est ainsi.
Et parce
qu’un jour, le fils du couple qui un jour prendra la succession du père au sein
de l’entreprise, incite ses parents à prendre quelques jours de repos, ces derniers
s’octroient donc une halte dans un très bel hôtel sur la côte anglaise.
Un
faux pas plus tard, et c’est le drame ; Madame chute et meurt ; l’accident
banal…oui, mais….
Voilà
un roman noir anglais jusqu’à la dernière ligne. Tout n’est que flegme
organisation et méthode. Un roman d’atmosphère qui aurait pu lasser, mais qui
au contraire s’avère très intelligent dans sa construction.
Quatorze
parties le constituent ; parties de longueurs inégales et de formes différentes.
L’auteur multiplie les points de vue, et décuple donc l’intérêt du lecteur qui
de fait ne s’ennuie jamais.
La
forme compense à merveille une atmosphère typique de roman anglais beaucoup
plus axé sur la psychologie des personnages que sur l’action.
John
Wainwright , par l’intermédiaire de Harry
Harker, le policier enquêteur, explore le couple dans son intimité, et dans la
société anglaise des années 80.C’est avec un certain délice que l’on se
replonge dans une époque que les moins de vingt ans pourraient qualifier de
moyen-âge tant les moyens de communication ou techniques d’investigation étaient
rudimentaires .
Tout
cela donne un côté décalé et désuet à ce roman plein de charme.
Il
fallait la force de conviction de Poirette (redoutable ce Monsieur, vous dis-je
) pour m’orienter vers cet ouvrage, moi qui aime plus l’action que l’atmosphère.
Une
confession de John Wainwright traduit de l’anglais par Laurence Romance, chez
Sonatine (Mars 2019, 270 pages)
Né en
Angleterre en 1921, John Wainwright a passé vingt ans dans la police avant de
se consacrer à l’écriture de romans. Il est notamment l’auteur de À table !
(Gallimard, 1980), adapté au cinéma par Claude Miller et Michel Audiard (Garde
à vue, 1982). Il est mort en 1995.
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