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Les mots manquent, à neuf ans pour dire ça. ″
Adélaïde a 9 ans, lorsque dans une cage d’escalier elle se fait violer. Elle mettra des
années à mettre les ″ bons″ mots sur ce qu’elle a subi. Durant tout ce temps,
la gamine ne va pas bien ; l’adolescente perd pied, s’engage dans des
relations ″kleenex ″, cherche sa voie ; la jeune adulte erre de thérapie
en thérapie sans parvenir à se relever….
Construit
de manière chronologique, ce roman comporte trois parties, comme les trois
étapes dans la vie d’Adélaïde. La première montre sa descente aux enfers
faites d’angoisses, de tristesse, d’addictions, de haine d’elle-même, de thérapies.
Dans
la seconde, Adélaïde peut enfin poser le mot viol sur ce qu’elle a subi, et qui
jusqu’alors n’avait été qualifié que d’attouchements.
Enfin,
la dernière partie est consacrée au procès. On y voit l’extrême difficulté pour
les victimes d’être reconnues, d’être crues, et l’ultime combat que représente
la confrontation entre les victimes et l’agresseur qui s’enferme dans le déni
et la violence. Mais l’auteur insiste également sur la nécessité du procès. Les
victimes ont besoin d’être reconnues comme telles directement et indirectement
par le biais d’une condamnation du violeur.
Cet
ouvrage, bouleversant, montre avec justesse et avec des mots souvent très durs,
le parcours d’une enfant saccagée, à la dérive ; mais aussi d’une
adolescente volontaire et courageuse.
Adélaïde
insiste sur les mécanismes qui font l’amnésie des premières années, rendant
indispensable le temps long qui aboutit à la verbalisation des faits et au
travail de réparation.
La
petite fille sur la banquise d’Adélaïde Bon, aux éditions Grasset (Mars 2018,
256 pages) et au livre de poche (Mars 2019,256 pages)
Adélaïde
Bon
est née en 1981, La petite fille sur la banquise est son premier livre.
Lecture autour du mot "petit"
Un roman qui a l'air dur par le thème abordé, mais une lecture qui s'impose comme nécessaire...
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