La littérature asiatique ne m’est pas très familière, et c’est dommage car on y fait de belles découvertes. Je devrais m’y attarder davantage.
Voilà un ouvrage rangé dans la catégorie du roman, alors qu’au fil de ma lecture, je n’ai largement perçu comme un récit, un document. La vérité se situe sans doute entre les deux ; toujours est-il que l’auteur s’appuie sur des faits réels, et que son ambition plus ou moins avouée est de changer, un peu, le monde ; en tout cas de ne pas se taire sur ce qu’elle considère comme une abomination.
Inho est nommé professeur dans un établissement privé dans une petite bourgade perdue de Corée. Les pensionnaires sont tous sourds, lourdement handicapés pour certains. Et ce qu’il va découvrir dépasse l’entendement. Les enfants, réduits au silence de par leur surdité, leur isolement de leur famille sont victimes de sévices sexuels depuis de longues années, de mauvais traitements sous le regard complice de la direction, et des autorités policières.
Inho se rend assez vite compte de la situation, et tente par tous les moyens de dénoncer les faits. Ses moyens sont dérisoires ; il peine à obtenir le soutien dont il a besoin, d’autant que la corruption règne afin de maintenir l’omerta de rigueur dans cet établissement.
Inho trouve en la personne de Yujin, une jeune femme empêtrée dans ses propres difficultés, la force de se révolter contre l’abject.
L’auteur ne ménage pas son lecteur avec les descriptions insoutenable du calvaire de ces enfants dont personne ne se préoccupe. C’est difficile, poignant, révoltant. Mais sans aucun doute nécessaire puisque l’ouvrage a permis, au moins, le durcissement des peines encourues par les auteurs d’agressions sexuelles sur les enfants, et les personnes vulnérables.
J’aurais peut-être apprécié davantage cet opus si l’auteur avait un peu moins mélangé le récit au roman. Il n’en reste pas moins un ouvrage marquant .
Les enfants du silence de Yi-young GONG, traduit du coréen par Lim Yeong-hee, aux éditions Picquier (Septembre 2020,280 pages)
Gong Ji-yeong est une romancière sud-coréenne née en 1963.
Elle fait partie de la "nouvelle vague" des auteures qui ont révolutionné la littérature coréenne dans les années 1980 et 1990.
C'est durant les années 1980 qu'elle entre en contact avec les mouvements étudiants pour la démocratisation du pays. En 1985, elle obtient sa licence en littérature à l'université Yonsei à Séoul.
Son premier roman, "Quand l'aube se lève" est directement lié à ses activités dans les manifestations étudiantes contre le régime militaire durant les années 1980.
Gong Ji-Young a commencé à écrire à plein-temps à partir de 1988. Ses récits se concentrent essentiellement sur la condition des travailleurs en Corée du Sud, les exclus et les personnes victimes d'ostracisme. Elle écrit également sur la condition des jeunes femmes essayant de suivre une carrière professionnelle indépendante en dehors du cocon familial.
Sa nouvelle "Pars seule comme une corne de rhinocéros" (Muso-ui ppulcheoreom honjaseo gara, 1993) traite directement de cette question de l'égalité des sexes. Cette nouvelle a été adaptée au cinéma (1995) ainsi qu'au théâtre.
Son roman "Nos jours heureux" (2005) a été adapté en manga, en collaboration sur le scénario avec Yumeka Sumomo (Sahara Mizu), qui s'est également occupé des dessins. Il a également été adapté en film sous le nom de "Maundy Thursday" en 2006.
Coucou :)
RépondreSupprimerComme je l'ai annoncé sur le sujet du challenge, je me permets de te laisser un commentaire puisque nous avons lu le même livre.
En tout cas, j'estime que ta chronique est beaucoup mieux rédigée que la mienne et surtout, complète avec la petite biographie sur l'écrivaine.
A la lecture de ce roman, j'étais totalement révolté par la complicité des autorités compétentes et je regrette sincèrement que d'autres têtes ne soient pas tombées lors de ces années où ces horreurs ont pu être commises.