Suzanne est une dame âgée, très âgée. A 95 ans, elle a dû se résoudre, à contre cœur, à quitter son domicile pour l’Ehpad. Dépossédée de sa vie, de sa liberté, de sa dignité, de son intimité, Suzanne perd 20 kg, est infantilisée, malmenée.
Suzanne c’est la grand-mère de l’auteur. Frédéric Pommier ne veut jeter l’opprobre sur personne, il sait que bien souvent derrière les piètres conditions de vies de nos ainés en établissements, il y a aussi les piètres conditions de travail de celles et ceux qui en ont la charge. Il soulève une situation, qui si elle ne fait pas heureusement l’unanimité , demeure une triste réalité dans bien des endroits.
Suzanne n’a pas toujours été dépendante, lente à se mouvoir. Suzanne fut belle, très belle, comme en atteste la couverture du livre. Suzanne a aimé passionnément la vie, le tennis, le théâtre, les voyages, la vitesse. Suzanne a aimé, été aimé ; Suzanne a été jeune. Suzanne a connu des drames, des deuils ; fidèle à son principe ‶Sourire quand même″, Suzanne a fait face dignement.
Frédéric Pommier raconte sa grand-mère année après année, en intercalant son quotidien dans son Ehpad où tout le monde semble ignorer la femme qu’elle fût avant d’être abîmée par l’âge et les épreuves. Il dénonce la maltraitance qui est le quotidien dans certains établissements.
Suzanne m’a émue. Et quand je lis son histoire, je lis l’histoire de celles et ceux qui depuis 30 ans font mon quotidien, ou l’ont fait. Toutes et tous ont eu des choses à me dire, à m’apprendre. Derrière ces corps fatigués, il y a toujours une parole gentille, un regard doux, un encouragement, des souvenirs mélancoliques, des sursauts de courage qui méritent bienveillance et empathie. Je comprends chaque jour davantage la peur farouche des ‶miens″ de devoir quitter une maison où ils ont parfois 60 années de souvenirs pour une chambre quelque part où ils devront, plus ou moins, laisser le meilleur à la porte.
Je laisse le mot final (un peu dur envers elle-même) à Anne -Marie (qu’elle me pardonne cette familiarité non coutumière) ″ je ne suis plus bonne à rien, mais je suis chez nous ! ‶
Suzanne de Frédéric Pommier, aux éditions des équateurs (Octobre 2018,236 pages), et aux éditions Pocket (2020,216 pages)
Après des études de philosophie puis à l'École de journalisme et de communication de Marseille, Frédéric Pommier intègre la rédaction de France Culture au sein de laquelle il devient présentateur du journal de France Musique entre 2000 et 2001.
En 2002, il rejoint la rédaction de France Inter comme reporteur au service politique. En septembre 2008, il devient présentateur de la revue de presse dans la matinale de Nicolas Demorand, et ce jusqu'à son éviction en juin 2009 par Philippe Val au motif d'une « mauvaise hiérarchisation de l'information »4,5,6,7.
En 2009, il rejoint le service culture de la rédaction et propose par ailleurs des chroniques dans les émissions de Vincent Josse (Esprit critique), Jean-Marc Four (Et pourtant elle tourne) et Pascale Clark (Comme on nous parle).
Entre 2010 et 2011, il présente également chaque soir un journal de la culture, le Pop-corner, dans 5/7 Boulevard de Philippe Collin dans lequel il propose aussi Les amants du boulevard et La poésie du jeudi.
Durant la saison 2011-2012, il est producteur du feuilleton quotidien 18 bis, boulevard Hache-Cœur dans Downtown. Entre septembre 2013 et juin 2014, il présente l'éphéméride du 7/99.
À partir de septembre 2014, il devient présentateur de la revue de presse du week-end de France Inter.
À partir du 20 octobre 2018, il est chroniqueur dans l'émission "Bonsoir !", un magazine de société présenté par Isabelle Ithurburu et programmé le samedi à 19 h 40 sur Canal+.
Ce roman semble très touchant, et très "utile" aussi.
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