lundi 1 novembre 2021

Encabanée

 


Imaginons sérieusement nous trouver, en plein hiver canadien, sinon ce serait moins drôle), coincés dans une cabane, privés d’électricité, de batteries, et la voiture prisonnière des glaces….

C’est ce que va nous raconter Gabrielle-Filteau-Chiba, n’ayant plus d’autres solutions que de faire avec les moyens du bord dans sa cabane du bout du monde, en tout cas isolée sur le bord de l’estuaire du St Laurent, là où naissent les bélugas…. Rien qu’à l’évocation du lieu, je signerais presque…

En un peu moins de 120 pages, la romancière nous fait partager son désarroi, sa peur, son admiration pour les lieux, son attachement pour cette cabane, sa crainte de la solitude, son imagination, sa rencontre incongrue et sa débrouillardise pour gérer un quotidien rendu particulièrement difficile par des conditions climatiques extrêmes et néanmoins familières des lieux.

J’ai infiniment apprécié cette incursion en terre québécoise, d’autant que l’auteur une et abuse des fameuses expressions locales. Que le lecteur soit rassuré, il y a un petit lexique en fin d’ouvrage afin d’éviter les bévues. Cela donne un texte savoureux dans lequel la romancière convoque ses auteurs favoris pour l’accompagner dans sa solitude, et dans sa mue. La narratrice se désintoxique ainsi du matérialisme qui semblait la polluer à la vielle. Se recentrer sur l’essentiel, renouer avec ses racines, se poser les bonnes questions et tenter d’y répondre ; retrouver du sens à la vie….

Écriture soignée, humour apportent un plus à ce joli petit roman tout en finesse qui m’a donné envie de grand froid, de grands espaces, de silence et d’éloignement. Une bien belle découverte que je ne cherchais pas et qui pourtant me tendait les bras !

Encabanée de Gabrielle Filteau-Chiba, aux éditions Le mot et le reste (Janvier 2021, 120 pages), précédemment paru au Québec aux éditions XYZ 52020)


Gabrielle Filteau-Chiba est traductrice et auteure.

Elle a quitté Montréal en 2013 alors qu’elle recherchait un rythme de vie plus lent et plus près de la nature.

Elle a acheté une terre près de la rivière Kamouraska à Saint-Bruno, avec un petit chalet qui devait être habitable quatre saisons. Elle y vivait sans électricité et sans eau courante.

Une vague de froid l’empêchait de chauffer suffisamment son refuge et elle s’apprêtait à abandonner les lieux. Mais sa voiture n’a jamais voulu démarrer.

Les 10 jours qu’a dû passer Gabrielle Filteau-Chiba encabanée dans son petit refuge du Bas-Saint-Laurent l’ont inspirée à écrire son premier livre, "Encabanée" (2018), qui s’approche de ce qu’elle a vécu, avec une part de fiction.

Elle a amélioré son sort depuis en construisant une maison faite de bois entourée de jardins et de serres, alimentée en électricité par un panneau solaire. Elle y vit avec son compagnon et sa petite fille.

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