Mahmoud ou la montée des eaux

‶Vieillir c’est devenir l’enfant que plus personne ne voit. ″

Il rame, seul sur une étendue d’eau artificielle ; le lac El-Assad issu d’un grand barrage sur l’Euphrate, œuvre du sinistre président de la Syrie de l’époque, père du encore plus sinistre président actuel.

Le vieil homme, fin lettré, poète est seul à présent, malade, libre mais brisé par des années dans les geôles syriennes. Les enfants ne sont plus, Sara, la femme aimée non plus… Seul, il laisse aller ses souvenirs, ses blessures, ses vulnérabilités, alors qu’il erre sur un lac recouvrant les ruines de son village d’enfant.

Antoine Wauters a choisi la poésie, dans ce long texte en vers libres pour dire les horreurs du sanguinaire, pour crier son amour de la liberté, son amour pour Sarah.

C’est beau et émouvant.

Voilà quelques semaines que j’ai lu ce livre. Beaucoup de détails m’ont échappé ; néanmoins, ce qu’il m’en reste est suffisamment ancré pour restituer succinctement mes impressions. La dureté du propos est magnifiquement dosé et mis en exergue par la libre versification. Certes, le texte demande à être apprivoisé, mais quel texte !

Mahmoud ou la montée des eaux d’Antoine Wauters aux éditions Verdier (Août 2021, 145 pages)

 

Antoine Wauters est un écrivain, poète et scénariste né en Belgique. Après plusieurs livres de poésie, parmi lesquels "Césarine de nuit", c'est son premier rorman, "Nos mères", qui le fait découvrir. Rapidement remarqué, le livre reçoit le Prix Première de la RTBF, le Prix Révélation de la SGDL et est finaliste du Prix des cinq continents de la Francophonie, faisant d'Antoine Wauters "la révélation littéraire belge de ces dernières années", selon Mariane et le Focus Vif. En 2015, il a cosigné le film "Préjudice", long métrage d'Antoine Cuypers qui réunit Nathalie Baye et le chanteur Arno. En 2018, il marque la rentrée littéraire en publiant deux livres d'un coup, "Pense aux pierres sous tes pas" et "Moi, Marthe et les autres", tous deux chez Verdier. En 2021, il remporte le prix Wepler et le Prix Marguerite Duras pour son roman "Mahmoud ou la montée des eaux", unanimement salué et en cours de traduction dans plusieurs pays.