vendredi 25 mars 2022

L'homme qui peignait les âmes

 

Voilà un conteur, un vrai ! Quelqu’un qui me raconte une histoire, au lieu de se raconter, avec plus ou moins d’habileté ou de discrétion.

Quand Metin Arditi revient vers l’art, c’est au Turquetto que je pense tellement j’ai aimé cette première rencontre avec l’écrivain.

XIème siècle ….

Cette fois, il nous entraine en terre Sainte, triplement Sainte, sur les traces d’Avner , dit Petit Anastase,un jeune adolescent juif qui se converti au christianisme non par foi, mais pour peindre la figure divine, ce que les autres religions du Livre interdisent. Avner, est à l’origine un petit vendeur de poisson, et c’est presque par hasard qu’il rentre dans l’église du monastère et qu’il est littéralement ébloui par une icône. Son destin est scellé, il deviendra écrivain d’icônes.

″ On ne peint pas une icône, on l’écrit. On n’est pas peintre, mais écrivain d’icônes. (…) L’écriture d’une icône n’est pas un travail d’artiste. C’est une représentation du divin, celle d’un croyant qui a une foi profonde et possède la connaissance des Textes. ″

On ne sait absolument rien de ce peintre. Qu’à cela ne tienne, il faut tout le talent de Metin Arditi pour l’inventer, et montrer l’intime imbrication des trois grandes religions du Livre dans cette région. Avner le juif, devenu chrétien, toujours prêt à défier les règles de l’Église, aura pour parrain, Mansour, le musulman, toujours là, bienveillant et protecteur.

Encore une fois, Metin Arditi est parvenu à m’ouvrir une voie méconnue, à m’y lancer pleinement. Durant la lecture de cette épopée, je n’ai pas vu le temps passer. A la fois passionnant, érudit, humaniste, universel, ce roman montre encore une fois tout le savoir faire de Metin Arditi. Son écriture élégante, est ici très visuelle. J’imagine assez bien cette histoire adaptée au cinéma !

L’homme qui peignait les âmes de Metin Arditi, aux éditions Grasset (Juin 2021, 290 pages)


 

 

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