Comme le fera Jean-Christophe Rufin quelques années plus tard, Alix de Saint André, selon elle piètre marcheuse, et surtout fumeuse invétérée prend la route de St Jacques, à trois reprises, sur 3 routes différentes, et un seul but : St Jacques de Compostelle puis Finisterre, point final du chemin, où traditionnellement, le pèlerin abandonne son vêtement.
Des 3 parcours, le second sera le plus court, car partant de La Corogne en Espagne ; le premier, partant de St Jean Pied de port, sera sans doute pour l’auteur le plus symbolique car le premier ; le troisième, ″parce que c’est une caractéristique profonde du chemin de Compostelle que tout le monde y retourne‶, sera le plus traditionnel, car partant de chez soi, en l’occurrence en pays de Loire.
‶Nous ne voyageons pas avec Dieu ; Dieu habite dans le coin ; on va le voir, ou pas, si l’on veut, si on l’y croit-et mieux encore : si on n’y croit pas. ‶
Évidemment, faire St Jacques, c’est marcher, avant tout ; des étapes d’une vingtaine de kilomètres chacune. Ce sont des villes, des villages, des forêts que l’on traverse, des montagnes que l’on gravit.
Mais faire St Jacques, c’est accomplir un travail sur soi ; c’est l’apprentissage du partage, de l’entraide ; ce sont des rencontres d’une journée ou de quelques étapes ; c’est la vie en commun, la promiscuité ; c’est un certain retour à la rusticité ; c’est l’apprentissage de la souffrance, des petits et grands bobos. C’est remettre chaque matin le pied à l’étrier, avancer, prier, réfléchir, se purifier, de délester de ce qui encombre le quotidien, prendre le temps de vivre, de respirer, d’apprécier l’accueil des hôtes, accepter un sourire, un café, un en-cas.
J’ai passé d’excellents moments à la lecture de ce retour d’expérience. J’en ai apprécié la qualité littéraire, la précision des descriptions, la place que laisse l’auteur à tout ce qui l’entoure.
Humainement, ses pèlerinages ont été émaillée de nombreuses rencontres dont l’évocation fait chaud au cœur. Je pense par exemple à cet homme pour compenser un handicap marchait avec un âne, personnage à lui tout seul.
J’ai beaucoup aimé le regard décalé, et plein d’ironie que l’auteur porte à elle-même et à sa démarche. J’ai beaucoup souri, et même franchement ri parfois.
En avant, route ! d’Alix de Saint André, aux éditions Gallimard (Avril 2010,320 pages ; et juin 2011,350 pages pour le format poche)
Alix de Saint-André est une journaliste et écrivain française née en 1957.
Son père, le colonel Jean de Saint-André, est écuyer en chef du Cadre Noir, un corps de cavaliers d’élite, instructeurs à l’Ecole nationale d’équitation (ENE) de Saumur. Elle est élevée dans des pensions religieuses dont elle a gardé un intérêt pour la religion catholique,
Elle a fait des études littéraires et accède au monde du travail par la voie du journalisme. Elle devient grand reporter, journaliste pour plusieurs magazines dont Elle, Le Figaro Magazine ou L’Express.
De 1993 à 1997, elle travaille comme chroniqueuse pour Canal+, avec entre autres Frédéric Taddeï dans l'émission "Nulle part ailleurs" lors de la première partie de l'émission, présentée par Jérôme Bonaldi.
En 1994, elle publie son seul polar, "L'ange et le réservoir du liquide à freins", puis un essai, une angiographie, "Archives des anges" (1998) dans lequel elle enquête sur l'existence de ces créatures aériennes aussi bien dans la Bible, le Talmud que le Coran.
Saint-André revient à la fiction avec "Papa est au panthéon" (2001), et "Ma nanie" (2003), Prix Terre de France. En 2007, elle concrétise à l’écrit son amour pour l’œuvre du célèbre écrivain André Malraux avec "Il n'y a pas de grandes personnes".
En 2010, le récit de ses trois pèlerinages à pied vers Saint-Jacques de Compostelle est publié dans "En avant, route !" En 2013, paraît son roman "Garde tes larmes pour plus tard" paru chez Gallimard à l’occasion du dixième anniversaire de la mort de Françoise Giroud.
Elle fait encore des reportages mais se consacre de plus en plus à l'écriture dans sa petite maison bretonne.
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