Gallmeister a eu le bon goût de remettre sur le devant ce roman américain considéré comme culte, et paru pour la première fois en Français il y a une vingtaine d’année.
Nous sommes dans les années 20, dans le Montana. Les frères Phil et George Burbank n’ont de frères que le nom. Le premier est aussi brutal, affirmé et autoritaire que le second est timoré, sensible et peu agile. Ils exploitent la ferme familiale seuls alors que les parents sont partis couler des jours heureux en Utah.
Phil domine la situation, et laisse peu d’espace à son frère qu’il n’apprécie pas du tout, et à vrai dire prend pour une ″femmelette‶.
Cet équilibre un peu étrange est bouleversé par l’arrivée de Rose dans la vie de George. Rose est la veuve d’un médecin, mère d’un adolescent très intelligent, ultrasensible. Peter est différent, brillant, ambitieux, effacé. Phil le prend rapidement en grippe, tout comme sa mère à qui fait mener un véritable calvaire, la précipitant dans les bras de la divine bouteille …. Et alors me direz-vous ? Je vous laisse découvrir l’issue de cette histoire qui livrera aux dernières pages l’énigme du titre.
Il eût été dommage de passer à côté de ce formidable roman. Son écriture est âpre, rugueuse à souhait. Thomas Savage campe des personnages parfaitement étudiés, sans le moindre aspect caricatural.
Le Montana, et sa nature sauvage et implacable s’élève en majesté. L’ouest américain dans ce qu’il a de plus rustique, d’inhospitalier. La tension se fait de plus en plus palpable pour un dénouement inattendu.
Une très belle lecture qui m’invite évidement vers les autres titres de l’auteur.
Le pouvoir du chien de Thomas Savage, traduit de l’américain par Laura Derajinsski aux éditions Gallmeister (2019,290 pages) ; nouvelle traduction d’un ouvrage paru en français chez Belfond en 2002).
Thomas Savage Utah 1915-Virginie 2003) est un romancier américain.
Sa mère, Elizabeth Yearian, était la fille aînée d'une famille d’éleveurs de moutons célèbre dans l'Idaho. Son père s'appelait Benjamin Savage. Il avait deux ans lorsque ses parents ont divorcé. Trois ans plus tard, sa mère épousait un riche éleveur du Montana, Brenner.
Il passera une partie de son enfance dans un ranch dans le compté de Beaverhead, dans le sud-ouest du Montana, qu'il quitte à 22 ans. Après sa sortie du lycée de Beaverhead et deux ans au Montana State College à étudier l'écriture, il a gardé des moutons dans la Montana et dans l'Idaho pendant quelques années. En 1937, il publie son premier article dans la revue "Coronet" sous le nom de Tom Brenner.
Il s'est inscrit pour des études de lettres anglaises au Colby College à Waterlville, dans le Maine. Il fait la connaissance d'Elizabeth Fitzgerald (née 1918) à Missoula. Ils se marient en 1939, il obtient son B.A. en 1940.
Une fois diplômé, il prit un travail d'agent général pour une compagnie d'assurance à Chicago. Au fil des ans, il occupa également les emplois de cow-boy, journalier de ranch, aide-plombier soudeur et chef de train. Il enseigna aussi à l’Université Suffolk de Boston (1947-1948), puis à l'Université Brandeis à Waltham, Massachusetts (1949). Il se consacre à l'écriture à temps plein à partir de 1955.
Il publie le premier roman de ses treize romans, "The Pass", en 1944. Il connut son premier succès qui a été lent à venir malgré de nombreuses récompenses prestigieuses, avec "Le Pouvoir du chien" ("The Power of the Dog") en 1967. Ce roman sera adapté au cinéma par Jane Campion en 2021. Il obtient la récompense du Meilleur Livre de l'année pour trois de ses romans.
Les ranches de l'ouest américain et les Montagnes Rocheuses fournissent le décor de la plupart de ses romans où l'auteur dépeint des familles animées par la force et la passion des sentiments non-dits.
Son mariage avec Elizabeth Fitzgerald (Elizabeth Savage), qui devint elle aussi romancière, dura jusqu'à ce qu'elle meure, en 1988. Ils eurent trois enfants, deux fils, l'auteur Robert Brassil (1942-2001), et Russel Yearian (1943) et une fille, Elizabeth (1949).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire