mardi 26 juillet 2022

Purgatoire des innocents

 

Voilà ce que j’écrivais il y a quelques mois :

« Je sais désormais, qu’avec Karine Giebel, je n’entame pas une promenade de santé. Ce sera du lourd, qu’on se le dise ! » Celui-là ne dérogera pas à la règle ; et peut-être bien même qu’il est pire…Mais un été sans Karine Giebel, n’est pas tout à fait un été !

Cela commence par un prologue en italique, in petto, un peu énigmatique. Et puis on rentre dans le vif du sujet, par un banal cambriolage, qui certes ne tourne pas vraiment comme il aurait dû, mais de prime abord, cela pourrait laisser penser à quelque chose d’assez mou, et classique. Et puis viennent ‘insérer quelques passages d’un tout autre ordre, d’une allure hors sujet…Quelques a parte présentant nos malfrats dans leur jeunesse un peu tumultueuse. Raphaël et William sont abonnés à la prison, ils n’ont pas eu beaucoup de chance dans leur vie, mais n’ont pas fait grand -chose non plus pour inverser la tendance.

Le casse du siècle, en réalité tourne ma ; les quatre malfrats dont un très blessés échouent en rase campagne à la recherche d’un médecin. Manque de chance, ce ne sera pas un médecin, mais une vétérinaire qui va devoir procéder aux premiers secours. Une jeune et jolie jeune femme, compétente qui cachent bien des secrets, tout comme son compagnon qui ne tarde pas à entrer en scène. Sandra dit être mariée avec un gendarme qui va bientôt de rentrer de mission.

Jessica et Aurélie, quant à elles, ne savent pas qu’un cruel destin leur est promis

C’est le début d’un cauchemar éveillé, d’une succession d’évènements, de découvertes, de révélations, évidemment distillées avec parcimonie. Tel le Marquis de Sade qui fait durer le plaisir (les lecteurs comprendront au fil des pages mon allusion qui n’a rien de gratuit).

La construction fait d’alternances et de changement de temporalité, est la marque de fabrique de Karine Giebel pour tenir son lecteur en haleine. Et quand on pense détenir la clé de l’énigme, et bien Karine Giebel nous entraine encore plus vers l’impensable, le sordide, inavouable. Elle décortique jusqu’à la nausée la noirceur de l’âme humaine, le rapport complexe de la victime avec son bourreau, surtout quand elle devient elle-même bourreau parce qu’en réalité, qu’a-t-elle connu de bon pour se construire positivement ? « Comment avouer l’horreur de son existence à ces inconnus ? »

 

Encore une fois, Karine Giebel me surprend ; et le pire, est que j’y prends goût d’une certaine manière (je sais que c’est un livre, hein !), parce que notre société est aussi faite de cela. Karine Giebel a beau avoir l’imagination débordante, elle nous parle de nous, des êtres immondes dont les anales judiciaires sont faites et abreuvent d’une certaine façon notre soif de noirceur.

Un roman de Karine Giebel n’est pas une promenade tranquille, et pourtant, j’y reviendrai. Je sais qu’elle me surprendra encore ! Pour le coup de coeur, j'hésite devant tant de noirceur...

Purgatoire des innocents de Karine Giebel aux éditions Fleuve noir (2013, 595 pages), et en éditions de poche (2013, 640 pages)


Karine Giebel est née en 1971. Elle est notamment l’auteure de : Meurtres pour rédemption(2006), Les Morsures de l’ombre (2007), prix Intramuros du festival de Cognac et prix SNCF du polar, Jusqu'à ce que la mort nous unisse (2009), prix des Lecteurs à Cognac et adapté sur France Télévisions, Juste une ombre (2012), prix Polar francophone du festival de Cognac et Prix marseillais du polar, Purgatoire des innocents (2013), prix des lecteurs du Var, Satan était un ange (2014) et De force (2016). Toutes blessent, la dernière tue (2018) a été récompensé par le prix de l’Évêché, le prix Plume d’or du thriller francophone, le prix Évasion et le Book d’or thriller du prix Bookenstock. Son dernier roman, Ce que tu as fait de moi (2019), s’inscrit lui aussi dans la liste de ses succès. Les livres de Karine Giebel se sont vendus à plus de deux millions d’exemplaires à ce jour et sont traduits dans une douzaine de langues.

 


Je reste fidèle au challenge du pavé de l'été organisé par Brize .  

1 commentaire:

  1. Ton billet me conforte dans ma décision de ne PAS lire Karine Giebel ^^ !

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