vendredi 6 août 2021

Toutes blessent, la dernière tue

 

Les romans de Karine Giebel n’ont rien de reposant. De cette femme à l’apparence douce émanent des histoires sordides montrant la noirceur de l’âme humaine.

Tama n’est qu’une enfant quand elle arrachée à sa famille et à son village et mise à la totale disposition d’une famille, plus Thénardier que les Thénardier. Tama est ainsi réduite en esclavage, battue, mal nourrie, privée des soins les plus élémentaires, à la merci de la concupiscence du maître de maison. Les Charandon sont des Monstres, et le resteront. Mais s’il n’y avait qu’eux….

Parallèlement, nous suivons Gabriel, un type étrange, violent, meurtrier gardant prisonnière une femme blessée, à la mémoire défaillante. Alors forcément, le lecteur trouve d’abord bizarre cette narration. Mais c’est méconnaitre le talent de Karine Giebel. Parce que forcément ces deux histoires vont finir par se rapprocher, de plus en plus, non pas pour ne faire qu’une mais pour se frotter l’une à l’autre et laisser parfois le lecteur dans un état de flottement de plus en plus prenant.

Karine Giebel s’attache ici à dénoncer l’esclavage des temps modernes, celui des beaux quartiers, celui des puissants, de ces gens aux multiples visages convaincus de leurs ‶œuvres sociales‶.

Karine Giebel ne prend pas de gants ; elle dit les choses, abruptement. Sans doute force-t-elle un peu le trait. Mais devant l’insoutenable, avait-elle vraiment le choix.

Pour davantage promener le lecteur, elle multiplie les modes de narration, dans un même paragraphe.

Il est clair qu’on ne s’ennuie pas tout au long de ces presque 800 pages, avec ces personnages si différents. Il y en a bien quelques-uns auxquels on voudrait s’attacher, d’autres à qui donner encore une chance de se bonifier. On voudrait tellement une fin heureuse à cette terrible histoire.

Cette lecture m’a littéralement happée, terrifiée et mise KO.

Toutes blessent, la dernière tue de Karine Giebel, aux éditions Belfond (Mars 2018, 690 pages), et aux éditions Pocket (Novembre 2019,790 pages).


Karine Giébel est une auteure française de romans policiers.

Après des études de droit et l'obtention d'une licence, elle cumule de nombreux emplois dont celui de surveillante d’externat, pigiste et photographe pour un petit journal local, saisonnière pour un Parc National ou encore équipier chez McDonald.

Elle intègre ensuite l’administration. Elle est actuellement juriste dans la fonction publique territoriale et s'occupe des marchés publics au sein d'une communauté d'agglomération.

Elle publie deux premiers romans, "Terminus Elicius" (Prix Marseillais du Polar 2005) et "Meurtres pour rédemption", dans la collection "Rail noir" aux éditions La Vie du Rail en 2004 et 2006.

"Les Morsures de l’ombre", son troisième roman, a obtenu le Prix Polar du festival de Cognac en 2008 et le Prix SNCF Polar 2009.

"Juste une ombre", paru au Fleuve Noir en mars 2012, a reçu le Prix Marseillais du Polar et le Prix Polar du meilleur roman français au Festival Polar de Cognac.

"Purgatoire des innocents" (Fleuve noir, 2013) confirme son talent et la consacre définitivement "reine du polar". Après "Satan était un ange" (Fleuve noir, 2014), elle rejoint les éditions Belfond pour la parution de son 9ème roman, "De force" (2016), qui a rencontré un immense succès, de "Terminus Elicius" (2016) dans une nouvelle édition augmentée, puis de "D'ombre et de silence" (2017), un recueil de nouvelles où elle condense en quelques pages toute la force de ses romans.

Son roman "Toutes blessent la dernière tue" (Belfond, 2018) a reçu le Prix Plume d’Or du thriller francophone, le Prix Évasion, le Book d’or thriller du Prix Bookenstock 2019 et le Prix de l’Évêché 2019.

 


 

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