Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un polar aussi intéressant, et complet. En effet, son auteur ne se contente pas d’une banale enquête policière. En réalité, il n’y a pas vraiment d’enquête policière, mais plutôt une enquête familiale, qui allie à la fois les ressorts d’une lignée et de ses secrets, et l’histoire d’une nation qui doit composer avec son passé, et sa place dans un monde secoué de toutes parts.
Dans la paisible Norvège la famille Falck n’est pas aussi paisible qu’elle n’en a l’air. Il y a ceux d’Oslo, richissimes, héritiers et gestionnaire d’une fondation, SAGA, aux multiples ramifications et fonctions allant de la gestions des archives historiques, aux opérations de renseignement, en passant par l’implication politique. Olav, le fils de Vera, et ses trois enfants dont Sasha sont les représentant de cette branche, par opposition avec ceux de Bergen, également actionnaires de SAGA, fauchés et ostracisés, et représentés par Hans, cousin d’Olav, médecin humanitaire très gauchisant, parcourant les terrains de guerre aux quatre coins de la planète, et surtout le Moyen-Orient, théâtre d’actions pour le moins nébuleuses et à la limite de la légalité. Vera n’a rien en commun avec la branche de Bergen, si ce n’est son défunt mari Thor, décédé en 1940 dans le naufrage d’un express-côtier, et dont le premier fils est à l’origine de la branche ainée. Un arbre généalogique en fin d’ouvrage est d’ailleurs fort utile avant d’en entamer la lecture.
Vera, la matriarche, a été une auteur à succès ; mais il semblerait qu’elle n’ait pas tout dit. Son suicide va bouleverser sa descendance, car curieusement, son testament s’est soudainement volatilisé.
L’ouvrage repose ainsi sur la recherche de ce fameux testament, Le cimetière de la mer, que sa petite fille s’est chargée de retrouver, quoi qu’il advienne. Aidée en cela d’une sorte de d’aventurier au passé plus que trouble, et mêlé aux affaires du Moyen-Orient, Sasha s’aventure dans une démarche qui risque bien de faire exploser la famille et de déterrer des secrets familiaux et d’état que la paisible Norvège n’a peut-être pas très envie de regarder en face !
On comprend assez vite que l’auteur nous emporte très loin tant sur le plan familial qu’historique. Et c’est là tout l’intérêt de ce roman à l’intrigue originale, parfaitement construite, riche en rebondissements, et peuplée de personnages complexes et ombrageux que l’on appréhende au fil des pages.
En outre, j’ai beaucoup aimé l’atmosphère particulière de ce livre, toute en retenue, froide sans ostentation ; une vraie ambiance scandinave !
Il fut pour moi une excellente découverte , et à mon sens, le policier le plus abouti de la sélection du Jury Elle ! Il était temps !!
Le cimetière de la mer d’Aslak Nore, traduit du norvégien par Loup-Maëlle Besançon, aux éditions du bruit du monde (Février 2023, 512 pages).
Aslak Nore est né en 1978 et a grandi à Oslo. Après des études à la New School for Social Research de New York, il rejoint le bataillon d’élite norvégien Telemark en Bosnie. Aventurier des temps modernes, il a vécu en Amérique latine et a travaillé comme journaliste au Moyen-Orient et en Afghanistan. Auteur de plusieurs bestsellers et lauréat du prix Riverton pour le meilleur roman policier en Norvège en 2018, il vit aujourd’hui au Vallon des Auffes, à Marseille.
j'avais un peu arrêter de lire des polars par saturation je crois mais depuis quelques temps je m'y suis remise alors je note car j'aime le froid scandinave
RépondreSupprimeroh que c'est tentant ! Je ne connais pas du tout (ma BM non plus, hélas!)
RépondreSupprimeril a l'air vraiment très bien fait!
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