mercredi 10 mai 2023

Le camp de l'humiliation

 


La littérature nord-coréenne est rare, et pourtant, au regard de s’y qui s’y passe, il serait largement souhaitable que les langues se délient et racontent au monde entier les horreurs de ses dirigeants, et le calvaire que vit sa population.

KIM Yu-kyeon, passée au sud, dénonce ici, sous la forme d’une fiction, un système répressif au-delà de l’imaginable de son pays d’origine, sous couvert d’anonymat, sa famille vivant toujours au nord….

C’est l’histoire de Wonho un homme tranquille, jeune journaliste obéissant et sans histoire, qui du jour au lendemain est enlevé avec son épouse et sa mère pour se retrouver enfermé dans un camp pour prisonniers politiques. Évidemment il ne saura jamais pourquoi il en est arrivé là.

L’avenir pur eux disparait ; seul le présent compte, et la façon dont au jour le jour chacun va pouvoir survivre, échapper au froid, à la faim ; se protéger des coups et des humiliations ; déjouer les manigances des chefs eux -même en proie aux mêmes préoccupations vis-à-vis de leurs supérieurs.

Nous assistons à une lente et inexorable descente aux enfers d’une famille livrée à l’oppression, à la cruauté, à la barbarie d’un régime politique à bout de souffle, laissant sa population dans le dénuement le plus complet, jusqu’à l’anéantissement et au renoncement à toute dignité humaine.

La trame narratrice est impeccable, le propos difficilement soutenable tant les descriptions sont réalistes. J’émets cependant une petite réserve pour la dernière partie du livre en ce qui concerne sa crédibilité.

Le camp de l’humiliation de KIM Yu-kyeon, traduit du coréen par Lim Yeon-hee et Stéphanie Follebouckt, aux éditions Picquier (Février 2019, 370 pages, et mars 2021,480 pages pour la version poche).

Kim Yu-kyeong est une romancière nord-coréenne réfugiée en Corée du Sud depuis les années 2000. Sa véritable identité reste secrète pour protéger les membres de sa famille restés au Nord.

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