mardi 31 octobre 2023

Métisse

 

Quelle femme, Maria Campbell ! Telle est l’impression, à chaud lorsque l’on referme à regret ce récit. Publié pour la première fois en langue anglaise, sous le titre Halfbreed, alors que son auteur avait la trentaine, ce récit nous parvient traduit en français canadien, comme nous le précise l’éditeur, que tardivement. Passé un petit temps d’adaptation, il se lit avec une réelle délectation.

Maria Campbell appartient à l’un des trois groupes d’autochtones du Canada, les Métis (Indiens et Inuits, étant les deux autres). S’ils ont du sang européen, ils ont été avant tout considérés comme des sous-hommes, ont été évangélisés de force, et entravés durant de longues années dans leur mode de vie originel.

Maria Campbell nous raconte une vie de lutte, non seulement pour les droits de son peuple, mais également pour les siens. Préférant la pauvreté et l’errance à la compromission et au conformisme, elle a du toute sa vie naviguer entre sa fidélité à son peuple, son tempérament féministe, sa volonté émancipatrice et la réalité douloureuse des fléaux modernes.

Maria n’est pas un être lisse ; sa vie contrastée faite d’ombre et de lumière a fait d’elle une femme forte, digne, et combattante. Son récit montre combien, les luttes des autochtones ont été difficiles et douloureuses. Il décrit à l’instar de bien d’autres les souffrances infligées à tous ces peuples par la puissance dominante.

Cette femme est une héroïne qui s’ignore, et une figure inspirante.

Un grand merci à Babélio, et aux éditions Dépaysage dont j’apprécie à chaque fois la qualité et l’originalité de ses ouvrages.

Métisses de Maria Campbell, traduit de l’anglais (Canada) par Charles Bender et Jean Marc Dalpé, aux éditions Dépaysage (Août 2023, 320 pages).

Maria Campbell est une écrivaine, dramaturge, cinéaste, enseignante, organisatrice communautaire, militante et aînée métisse née en 1940, en Saskatchewan. Elle a écrit plusieurs livres et pièces de théâtre, et a réalisé et écrit des scénarios de film.

Son engagement à l’égard des arts et des artistes autochtones est important : elle a mentoré de nombreux artistes, a travaillé dans le théâtre communautaire avec des jeunes et a plaidé pour l’embauche et la reconnaissance des Autochtones dans les arts. Elle a aussi fondé des refuges pour femmes et enfants autochtones et dirigé un camp d’écriture sur le site historique national de Batoche, où elle organise chaque été des événements commémoratifs.

 

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