mercredi 15 novembre 2023

La petite-fille

 

Je lis eu de littérature allemande, et c’est un tort, car on y trouve des petits bijoux de tendresse et profondeur.

Kaspar est n’est pas un vieux Monsieur ? mais en tout cas un homme d’âge mur, libraire de son état. Son épouse vient de s’éteindre. Birgit, boit un peu trop, elle meurt subitement, et c’est Kaspar, son époux qui la découvre ainsi. Découvrir est le terme qui convient, parce qu’à la suite de ce décès, le passé de Birgit va se révéler quand Kaspar s’intéressera de près aux écrits de feue son épouse.

Birgit et Kaspar sont tous deux allemands ; lui de l’ouest, elle de l’est. Lorsqu4ilsse rencontrent à Berlin, il fera tout son possible pour la faire passer à l’ouest. Ce qu’il découvrira plus tard, c’est que Birgit a laissé une fille, faute d’avoir pu avorter dans les temps (nous sommes à l’est dans les années 60…).

C’est cette fille là que Kaspar se met en tête de retrouver ; Svenja, elle-même mère d’une ado de 14 ans, Sigrun.

Kaspar noue une relation avec cette petite-fille. Ils n’ont rien en commun. Lui progressiste, humaniste, féministe, tolérant ; elle fille de néo-nazi, elle -même facho, complotiste, raciste, négationniste….

Et pourtant, cette rencontre improbable nous montre d’une part un homme d’une infinie délicatesse pour apprivoiser une ado qui n’est pas comme lui et à qui il va infuser au fil de leurs rencontres d’autres points de vue, ses goûts en matière de littérature et de musique tout en lui laissant à la fois le temps et le temps d’y accéder. Il ne juge en rien le mouvement Völklisch, bien qu’il l’abhorre, il cherche à comprendre comment à l’heure de la réunification, il puisse encore exister une telle différence entre ceux de l’est et ceux de l’ouest. Plutôt que de rejeter purement ces extrémistes, il prend le parti du dialogue, de la patience. C’est ce qu’il fait avec beaucoup d’intelligence avec sa petite-fille ; ne pas perdre une jeunesse qui ne se sent pas à sa place et s’enferme dans une idéologie qui a déjà fait tant de mal et n’a hélas pas encore dit son dernier mot

La petite-fille de Bernhard Schlink, traduit de l’allemand par Bernard Lortholary, aux éditions Gallimard (Février 2023, 340 pages)

Bernhard Schlink est un écrivain allemand né en 1944.

Il étudie le droit à l'Université de Heidelberg, puis à l'Université libre de Berlin, et exerce comme professeur à Bonn et à Francfort. Depuis 1992, il est professeur de droit public et de philosophie du droit à l'Université Humboldt de Berlin.

De 1987 à 2006, il est également devenu juge au tribunal constitutionnel du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Il a débuté sa carrière comme écrivain par plusieurs romans policiers, dont le premier, "Brouillard sur Mannheim" ("Selbs Justiz", 1987), est écrit en collaboration avec son ami Walter Popp. On retrouve dans les romans policiers suivants son personnage principal, Gerhard Selb (Selb vient de "selbst" qui veut dire "soi-même", l’auteur s'étant imaginé plus âgé).

L'un de ces romans "Le Nœud Gordien" ("Die gordische Schleife", 1988) a obtenu le prix Glauser en 1989.

En 1995, il publie "Le liseur" ("Der Vorleser"), un roman partiellement autobiographique. Ce livre devient rapidement un best-seller et est traduit dans 37 langues. Il a été le premier livre allemand à arriver en première position sur la liste de best-sellers publiée par le New-York Times. Pour "Le Liseur", Bernhard Schlink reçoit de nombreux prix notamment le prix Laure Bataillon 1997, prix décerné à des œuvres traduites en français.

"Le Liseur" a été adapté au cinéma sous le titre "The Reader" en 2008. Pour son rôle dans le film, Kate Winslet a remporté L'Oscar de la meilleure actrice à la cérémonie des Oscars 2008.

Il publie encore des recueils de nouvelles "Amours en fuite" ("Liebesfluchten", 2000) et "Mensonges d'été" ("Sommerlügen", 2010), et des romans "Le Retour" ("Die Heimkehr", 2006), "Le Week-end" ("Das Wochenende", 2008), "La Femme sur l'escalier" ("Die Frau auf der Treppe", 2014), "La petite-fille" ("Die Enkelin", 2021).


 

1 commentaire:

  1. J'attendais beaucoup de ce livre mais j'ai été déçue par les personnages pour lesquels je n'avais aucune empathie et je me suis vite désintéressée de l'histoire et des relations entre le grand-père et sa petite fille. Le point positif ( pour moi ) est le côté historique et le regard que l'auteur porte sur l'ex RDA.

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