jeudi 15 février 2024

Soleil couchant

 


Curieux roman que Soleil couchant ! Curieux et néanmoins plaisant, attachant, original !

Kazudo, la narratrice, et sa mère doivent quitter leur très belle demeure de Tokyo faute de pouvoir en assumer financièrement l’entretien. Nous sommes durant la seconde guerre mondiale. Elles partent s’installer dans un modeste chalet de la campagne. Kazudo va travailler la terre, participer aux tâches de la maisonnée. C’est aussi où le fils de la famille revient sous totale dépendance à la drogue.

Il ne faut pas chercher dans ce court roman une quelconque action ; le rythme est assez lent, la narration sous le point de vue de la fille peut sembler un peu monotone, et assez lisse. Malgré tout il est assez caractéristique de cette époque, en décrivant une société à la croisée des chemins, une société en train de perdre ses repères, une société qui en quelque sorte entre dans l’ère moderne et qui regarde, incrédule, la fin d’une époque et constate son déclin sans paraître capable de s’adapter à ce qui semble se préparer.

Ecrit avec beaucoup d’élégance, de concision et de justesse, ce roman m’a parfois décontenancée sans jamais entamer ma curiosité.

De littérature japonaise pur jus, dans ce qu’elle comporte d’originalité, dans son abord un peu froid, exotique et parfois hermétique.

Soleil couchant de Osamu Dazaï, traduit du japonais par Hélène de Sarbois et Gaston Renondeau aux éditions Gallimard collection l’imaginaire (1961, 1987 ;200 pages)

Osamu Dazai, de son vrai nom Shuji Tsushima, est un écrivain japonais né en 1908.

Son père, membre de la Chambre des pairs, était souvent en voyage et sa mère était très malade après avoir accouché de onze enfants, aussi Osamu a-t-il été élevé par les serviteurs de la famille.

Le jeune Shuji séjourna dans des pensionnats pendant toute son enfance, d'abord à Aomori et plus tard à Hirosaki. Il était un brillant élève et écrivait déjà très bien.

Shuji écrira beaucoup et utilisera le nom de plume « Osamu Dazai » pour la première fois dans une nouvelle appelée "Train" (1933), sa première expérience dans le style autobiographique à la première personne (watakushi shōsetsu) qui deviendra plus tard sa signature. En 1935, il devint clair qu'il ne réussirait pas ses études, et sa recherche de travail dans un journal de Tōkyō échoua. Il finit "Mes Dernières années", dont il pensait que ce serait sa dernière œuvre, et tenta un suicide par pendaison.

Il écrira plusieurs romans et nouvelles pendant les années 1930 et 1940, le plus souvent autobiographiques. Son premier roman, "Gyofukuki" (1933) est une fantaisie noire incorporant le suicide. Il écrira plusieurs nouvelles en cette période, dont "Dōke no hana" (1935), "Gyakkō" (1935), "Kyōgen no kami" (1936) et celles qui composent son recueil publié en 1936, "Bannen", qui décrivent sa solitude et sa débauche.

Le Japon déclara la guerre en décembre 1941, mais Osamu fut excusé du service militaire obligatoire à cause de ses problèmes de santé (la tuberculose fut diagnostiquée). Plusieurs contes qu'il publia pendant la guerre sont des reprises des contes de Ihara Saikaku (1642-1693).

Il atteindra l'apogée de sa carrière littéraire dans les années suivant la fin de la guerre. Il décrira une vie sans but dans le Tōkyō d'après-guerre dans "La Femme de Villon" (1947). C'est à cette époque qu'il connut Yamazaki Tomie. L'écrivain abandonna sa femme et ses enfants et emménagea avec Yamazaki, écrivant sa semi-autobiographie "Ningen Shikkaku" (人間失格, 1948), à Atami.

Pendant le printemps de 1948 il travailla sur un roman qui allait être publié dans le journal Asahi Shinbun, Gutto bai (« Goodbye »). Il mourut noyé le 13 juin de la même année avec Yamazaki Tomie.

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