dimanche 16 mai 2010

La ville morte



La ville morte

C'est l'avant dernière production lyrique de l'opéra National de Lorraine.
Une œuvre de Korngold (1897-1957), compositeur autrichien contraint à l'exil aux Etats-Unis pour fuir le régime nazi, mais qui à son retour en 1954 sera oublié..
La ville morte, est son seul opéra, il composera aussi un concerto pour violon, mais c'est avec la musique de film qu'il se fera connaître et qu'il excellera à Hollywood.



Le livret de cette œuvre est tiré de Bruges-la-morte de Georges Rodenbach
(que je n'ai pas lu)Nancy nous a offert une œuvre rarement jouée, car tombée dans l'oubli, mais surtout parce que la partition est difficile, et qu'elle requiert de très bons chanteurs tant les voix sont mises à rude épreuve.
et ce fut une belle réussite.


L'histoire : Bruges à la fin du XIX° siècle


Acte I
Paul pleure la mort de sa jeune femme Marie. Tout dans la ville lui rappelle cette disparition. A l’intérieur de sa maison, il a transformé une pièce en « temple du souvenir ». Là sont rassemblés les objets qui ont appartenu à sa femme, dont un portrait et une tresse de cheveux qu’il conserve telle une relique. Paul confie à son ami Frank qu’il vient de rencontrer une femme dont la ressemblance avec Marie l’a profondément troublé.
Marietta, une danseuse lilloise, chante et danse pour lui. Il se laisse séduire et compare son image avec le portrait de sa femme : c’est bien elle !
Après le départ de Marietta, pris de remords, il a une première vision : sa femme sort du portrait et l’invite à accepter l’appel de l’autre. Au même moment, il voit à sa place Marietta qui s’abandonne à la danse.

Acte II
Toujours dans sa vision, Paul se trouve devant la maison de Marietta. A force de chercher l’âme de sa femme défunte, il a fini par devenir l’esclave du corps d’une autre dont les vices à la fois l’attirent et le repoussent. Là, il rencontre Brigitta, la servante qui l’a quitté après qu’il eut rompu le serment de fidélité à l’égard de sa femme, puis son ami Frank, désormais considéré comme un dangereux rival car il aime lui aussi Marietta.
Lorsqu’arrive enfin Marietta, avec une joyeuse troupe d’artistes qui s’apprêtent à jouer « Robert le Diable », la rue se transforme en lieu de répétition. Au moment où Marietta commence à danser, toute la ville semble transpirer ce désir qui envahit Paul. Et, lorsqu’elle danse sur ce qui est censé être un cercueil, Paul y voit un sacrilège qui l’anéantit.
Resté seul avec elle, Paul avoue à Marietta qu’il n’a aimé en elle que le souvenir de sa femme. Marietta voit alors en Marie une rivale qu’elle décide de combattre sur son propre terrain.

Acte III
Depuis la fenêtre de la chambre de Marie, Paul et Marietta regardent passer la grande procession religieuse. Paul s’agenouille au passage de l’évêque, Marietta ironise sur la piété de Paul et tente de le séduire à nouveau mais cette fois la raison l’emporte et il tente de la chasser de chez lui.
C’est alors qu’elle se dirige vers le portrait de Marie, découvre la mèche de cheveux, s’en empare et commence une danse accompagnée d’un rire ironique. Hors de lui, Paul l’étrangle avec la tresse. Paul se réveille, Marietta vient de sortir de chez lui, il ne la reverra plus.




Bien qu'il s'agisse d'une musique du début du vingtième siècle, et que ce style , me laisse souvent perplexe, j'ai trouvé que la partition était très mélodieuse, et pour moi un régal à écouter, avec beaucoup de cuivres, et des instruments disséminés à plusieurs endroits ( fosse, et dans les loges de côté) ce qui donnait un beau relief à l'ensemble. D'autant que les artistes choisis pour les rôles de Marie/Marietta, et Paul étaient vocalement impressionnants
Le metteur en scène , qui nous avait offert il y y a quelques années un magnifique Mahagonny, a choisi un décor unique, modulable, très sobre, dans lequel les protagonistes ne se croisent pas, pour bien marquer le rêve qui est au cœur de cet opéra. J'ai beaucoup aimé, la toile qui était tendue en fond de scène, sur lequel était projeté l'image de Marie , pour, encore une fois, signifier sa présence irréelle.Le jeu de lumière complétait cela à merveille.






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