samedi 18 février 2012

De l'eau pour les éléphants


« Tout n’est qu’illusion Jacob, et c’est bien ainsi. C’est ce qu’on nous demande, ce qu’on attend de nous. »
Une petite phrase, tout simple, qui résume à elle seule l’univers du cirque , à cette époque-là.
Jacob est très âgé, 90 -93 ans, il ne sait plus très bien. Il n’est pas très heureux dans cette maison de retraite. Je n’ai pas ressenti beaucoup d’humanité dans cet endroit-là. Les vieux, on les met là, on leur fait manger ça ; parce que c’est comme ça ! Ses enfants ne viennent pas beaucoup le voir ; ils ont leur vie. Il se distrait comme il peut. Un jour, un cirque plante son chapiteau en face de la maison de retraite. Jacob se souvient…
« Je m’accroche à ma colère avec le peu d’humanité subsistant dans mon corps ruiné, mais c’est inutile. »
« Quand ai-je cessé d’être moi ? »
Il était jeune, brillant, plein d’avenir…mais la vie en a décidé autrement.            Un jour, orphelin, et sans le sou, il saute dans un train. Nous sommes dans les années 30, aux Etats Unis, la grande dépression. Ce train n’est autre que le convoi d’un cirque ambulant qui va de ville en ville distraire les populations.
Avec Jacob, je découvrirai l’univers impitoyable du cirque. Je découvre, horrifiée, la vilenie, la cupidité, mais surtout la cruauté gratuite et inimaginable, tant vers les hommes, que vers (et pour moi, c’est pire encore, plus lâche) les animaux qui sont censés les nourrir.
« Je m’installe à ne certaine distance de la tente qui abrite les bêtes délaissées, en proie à un désespoir croissant. »
« Je tourne à l’angle à l’instant même où Pete égorge un cheval gris et décrépit. Le cheval hurle tandis qu’un geyser de sang jaillit de la plaie béante. »
Moi aussi je hurle, mais on ne m’entend pas !
Jacob fait le dos rond, il lui faudra se faire accepter parmi tous. Il connaît les animaux, sait les soigner ; cela lui facilitera les choses. Il se fera quelques amis. Jacob voudrait bien quitter le train. Que lui manque-t-il ? La force, le courage ? Sans doute un peu des deux.
« Je retourne à mon wagon et m’allonge sur mn sac de couchage, écœuré par ce qui se passe dans la ménagerie et surtout par ma propre passivité. »
Mais il se souvient de son père et de ses valeurs.
« Le fait est que je suis le seul à me dresser entre ces bêtes et les pratiques d’August  et D’Oncle Al ; et à ma place mon père les soignerait. Qu’importe ce que j’ai fait hier soir, je ne puis les abandonner. Je suis leur bon berger, leur protecteur. Et c’est plus qu’un devoir : c’est un pacte avec mon père. »
La lumière viendra de Marlène, la belle, elle aussi cabossée par la vie, et Rosie, une éléphante, malmenée, elle aussi par ce sale type d' August. Il n’y a pas grand monde pour s’opposer à lui. Tout le monde le craint. Un jour viendra où il récoltera ce qu’il a semé. Mais en attendant, chacun doit jouer son rôle, et passer le plus inaperçu possible.
L’auteur ne s’est pas contenté d’une histoire de cirque, et de sentiments ; elle a bien montré le caractère particulier de cette époque avec sa crise économique, la prohibition et toutes les dérives qu’elle a provoquées. La vie, et les contraintes d’un cirque ainsi que celles et ceux qui le font vivre sont bien bordées.
Le style est fluide ; les retours en arrière sont bien maitrisés. Ce roman se lit d’une traite, ou presque, et, laisse un très bon souvenir de lecture.

De l'eau pour les éléphants, Sara Gruen
Albin Michel (Mai 2007) / Le livre de poche (juin 2009)
 402/470 pages



4ème de couverture :
Ce roman pas comme les autres a une histoire exceptionnelle : en quelques mois, il a fait d’un auteur inconnu un véritable phénomène d’édition, le coup de coeur de l’Amérique. Durant la Grande Dépression, dans les années 1930, les trains des petits cirques ambulants sillonnent les États-Unis. Jacob Jankowski, orphelin sans le sou, saute à bord de celui des frères Benzini et de leur « plus grand spectacle du monde ». Embauché comme soigneur, il va découvrir l’envers sordide du décor. Tous, hommes et bêtes, sont pareillement exploités, maltraités.
Sara Gruen fait revivre avec un incroyable talent cet univers de paillettes et de misère qui unit Jacob, Marlène la belle écuyère, et Rosie, l’éléphante que nul jusqu’alors n’a pu dresser, dans un improbable trio.
Plus qu’un simple roman sur le cirque, De l’eau pour les éléphants est l’histoire bouleversante de deux êtres perdus dans un monde dur et violent où l’amour est un luxe.

Quelques mot à propos de l'auteur
Sara Gruen est née au Canada, et, a la double nationalité (canadienne et américaine).Elle  a déménagé aux États en 1999 pour travailler dans la rédaction technique.
Elle vit dans le nord de l'Illinois avec son mari, ses trois enfants, deux chiens, deux chats, trois chèvres, et un cheval dans une communauté écologiste. Cavalière émérite, engagée auprès d’organisations de protection des animaux, Sara Gruen puise son inspiration dans sa passion pour les animaux.
Auteur de deux premiers roman, Riding Lessons (La Leçon d'équitation) et Flying Changes (Parcours sans faute) , elle se fait connaître du public avec la publication de son troisième livre, Water for Elephants (De l'eau pour les éléphants), qui devient numéro un du classement des best-sellers du New York Times. Le réalisateur Andrew R. Tennenbaum a acquis les droits d'adaptation au cinéma pour un montant de plus d'un million de dollars.

D'autres avis: Elora ; Ellcrys ; ptitelfe ; Kllouche : Candyshy ; mimigogotte ; nekotenshi ; Felina ; Dex ; agnes ; Hell-eau ; lenacoli ; Achille ; Petitepom ;



Pour le challenge de Sharon .

Pour  une un animal dans le challenge Petit bac 2012 proposé par Enna



Pour l'état de l'Illinois, dans le cadre du challenge 50 états/50 billets organisé par Sofynet  18/51




14 commentaires:

  1. Merci pour ta participation au challenge Mimi.
    Pas sûre que j'aurai envie de le lire : j'aurai hurler aussi à certains passages.

    RépondreSupprimer
  2. Ma fille ma offert ce livre pour Noel ainsi que le film qui en a été tiré. Tu me donnes envie de le mettre sur le haut de ma PAL !

    RépondreSupprimer
  3. L'époque m'attire, le sujet, original, me plait, je note donc.

    RépondreSupprimer
  4. Je vois qu'effectivement tu as apprécié!

    Ta chronique est vraiment originale et très très agréable à lire ! Bravo !

    RépondreSupprimer
  5. J'aime beaucoup ton article avec l'insertion de citations! Si je n'avais pas participé à cette LC, tu m'aurais donné envie de le lire :)

    RépondreSupprimer
  6. Je compte le lire prochainement...je te ferai part de mon ressenti.
    Bon samedi !

    RépondreSupprimer
  7. Oops...bon dimanche ! (pas encore bien réveillée)

    RépondreSupprimer
  8. Je l'ai beaucoup aimé également !
    Passe un bon dimanche

    RépondreSupprimer
  9. Il est dans ma P.A.L. depuis un bon bout de temps! Il faudrait que je le ressorte!

    Au passage, je t'ai taguée : http://leslivresdagathe.over-blog.com/article-tag-99261187.html?

    Bises

    RépondreSupprimer
  10. Je l'ai eu entre les mains, mais je l'ai rendu car quelqu'un le voulait. Je pense le récupérer bientôt.

    RépondreSupprimer
  11. ça m'a l'air d'une bien belle histoire! J'ai déjà très envie de voir le film.

    RépondreSupprimer
  12. Oui belle conclusion cela restera un très bon souvenir de lecture :)

    RépondreSupprimer
  13. J'ai lu ce livre -d'une traite aussi- pendant les vacances de Noël, je n'en avais pas entendu parler avant.Quelle belle découverte!
    Le chapiteau s'installe sous peu près de l'école (où je travaille) et ce sera le cirque tout les jours, nous invitons les gens de la maison de retraite voisine à venir aux répétitions et j'espère tellement rencontrer JACOB!

    RépondreSupprimer
  14. Une lecture qui m'a laissé un excellent souvenir ! Hop, billet ajouté !

    RépondreSupprimer