« La vieillesse, ça ne sert à rien,
sauf peut-être à apprendre aux enfants à profiter de la vie avant la liste d’attente
pour la Résidence des Lilas. A apprendre qu’il faut vivre sans se retourner.
Commencer à oublier avant d’être lâché par sa mémoire. L’entretenir en refusant
de se souvenir d’hier pour mieux embrasser demain. »
Combien
de fois, me suis-je posé, et je me pose la question en côtoyant la vieillesse,
celle qui ne se passe pas forcément bien, celle qui fait peur ? C’est une
réponse parmi d’autres, mais celle-ci me parle particulièrement….
« La vieillesse, est un trompe l’œil »
Que
savons nos de nos vieux ? Les imagine-t-on avoir eu, une vie,
des amours, des rêves, des désirs, des passions, des tourments ?
Une
4ème de couverture assez mystérieuse, et la dernière phrase comme un
appel que je ne saurais expliquer : il doit y avoir quelque chose dans ce
livre là…..
Un
grand merci à Babélio et aux éditions Au diable vauvert pour cette
lecture délicieuse et tendre.
Nous
avons Antoine, quadra divorcé, et remis en ménage, père, beau-père…mais
surtout complètement largué, pas du tout remis de son ex, qu’il espionne, et
pas vraiment avec sa nouvelle compagne. Antoine, a bien du mal à donner une
direction à sa vie, et fermer des portes, pour en ouvrir d’autres.
« Mouna a peur de mourir, moi, j’ai
peur de vivre »
Et
puis, nous avons Mouna, 88 ans, qui après le suicide de son mari, décide de" se placer". Mouna n’est
pas comme les autres : elle entend bien, se souvient de tout, voit tout,
comprend tout, est lucide. Mouna, c’est la vieille dame digne, qui sait se
tenir. Mouna, c’est la grand-mère que tout le monde a envie d’avoir.
« Mouna, se déplace en mode tortue, Mouna est une sorte de
reptile sans carapace mais avec l’essentiel : un cerveau clean doté de toutes
ses principales fonctions. Dans sa caboche c’est Usain Bolt. »
Il y a dans ce
roman, des passages d’anthologie pour décrire la vieillesse, et, la vie en
maison de retraite. Pour qui n’en a pas l’habitude, ne connais pas le milieu,
les réparties peuvent paraître caustiques, provocantes. Elles sont le reflet d’une
observation très fine, avec un brin d’impertinence, et un regard lucide sur ce
qui nous attend tous, et toutes.
Et puis, un jour,
Mouna demande à Antoine de l’emmener voir la mer….
Imaginez Antoine
et Mouna filant à tombeau ouvert au volant d’une berline allemande.
Imaginez, Mouna,
porte -cigarettes en ivoire à la main, faisant claquer les euros au casino…
Ces quelques
heures volées, cette parenthèse enchanteresse passée au bord de la mer dans un
hôtel qu’il n’a pas choisi par hasard, seront pour Antoine comme un rite de
passage, et pour Mouna, le temps de la transmission, du partage, des secrets
que l’on se dit, et de tous ce que l’on ne se dit pas, mais qui infuse de l’un
à l’autre, et de l’autre à l’un…Il y a dans ces deux- là, un mélange d’amour et
de tendresse qui touche, interpelle au-delà de ces deux personnages, qui me
donne soudain un regard plus doux envers la vieillesse qui souvent me fait si
peur.
Osez franchir les
portes de la Résidence des Lilas, et aller à la rencontre de Mouna….
Ce parfait ciel bleu, Xavier de Moulins
Éditions Au diable vauvert (01/03/2012)
203 pages
4ème de couverture :
«
Mouna m’a piqué une cigarette et fume la fenêtre ouverte. Elle me fait signe de
la suivre sur le balcon. Elle a l’air d’une reine dans sa robe de chambre un
peu grande. C’est une soirée douce de printemps. Elle me demande sans me
regarder :
—
J’aimerais que tu m’emmènes voir la mer. Ça sera peut-être pour moi la dernière
fois. »
A propos de l'auteur :
Xavier
De Moulins est journaliste sur M6. Après Un coup à prendre, Ce parfait ciel
bleu est son second roman.
Pour une une couleur dans le challenge Petit bac 2012 proposé par Enna.
C'est certain que je vais oser! Penser à la vieillesse et les centres de personnes âgées, ça me serre la gorge, ça m'étouffe. L'avant-dernière phrase m'a convaincue de l'ajouter à ma liste
RépondreSupprimerIl me semble que les personnes âgées, les maisons de retraite sont les sujets de plusieurs romans ces derniers temps. Tendance, on dirait...
RépondreSupprimerVoilà qui est très tentant, merci pour cette belle chronique, je prends note ;)
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé également ! Mon billet demain!
RépondreSupprimerje pense que je vais le rajouter à ma LAL.
RépondreSupprimerC'est sans doute tendance, mais c'est tellement actuel, ce sujet ! Le billet de Clara plus le tien, plus une vision apparemment pleine de vie, de lucidité, percutante... je surligne dans mon petit carnet !! Merci pour ce joli billet sensible.
RépondreSupprimerJe passe mon tour. Son premier roman m'avait vraiment déplu.
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