« John parti, la vie est
désormais une interminable succession d’options, dont aucune ne doit être
soumise au comité domestique avant entérinement. Ce sentiment soudain de
liberté peut se révéler, cela va sans presque dire, tout à fait déconcertant. »
La lecture
de cet ouvrage, peut se révéler, au premier abord, déconcertante. Il n’y a pas
d’action, ou très peu. J’ai plus eu l’impression de voir sous mes yeux se
dessiner, par petites touches, un tableau champêtre comme légèrement flouté.
L’état d’esprit
de cette veuve, que je vois plus dans le désappointement, la déstabilisation, que
la peine véritable, et le chagrin, se retrouve parfaitement dans la construction
de ce roman fait d’un mélange parfois assez confus entre les impressions d’hier,
et celles du moment .De petits chapitres, qui pour certains sont très courts, allègent
avantageusement le côté déconcertant, et compense une certaine atonie de l’atmosphère.
Cette veuve,
sans enfant, apparemment sans attaches familiales, et assez peu entourée d’amis,
s’en va quelques temps pour fuir une solitude que je lui imagine assez lourde à
supporter, mais pour laquelle elle ne formule aucune plainte. Tout est dans l’évocation.
Petit à petit, ce qu’a été sa vie conjugale se dévoile. Peu à peu, le lecteur s’immisce
dans les méandres de son intimité, et de ses petits secrets. L’auteur réussit à
décrire la difficulté de la vie de la vie à deux, l’évolution du couple au fil
du temps.
« Et le fait que notre relation
avait changé, et peut-être même échoué sur bien des plans, était mis de côté.
Chacun aimait à savoir que l’autre était là. »
Cette femme
semble résignée à son nouveau statut. Même si l’alcool est pour elle un
compagnon que j'espère pour elle transitoire (elle en est d’ailleurs consciente), elle parait malgré tout encline
à s’adapter à la solitude. C’est à mon sens tout le but de ce séjour :
rompre avec le quotidien, retrouver le passé ( ?), ou du moins une idée de
ce qu’elle a du passé.
« Je vois bien ce que je
faisais, en fait. Je voulais juste m’approcher un peu plus de la chaleur et de
la lumière d’un vrai foyer-d ‘un endroit
où règne l’amour véritable. Pareille à un chien perdu qui essaie d’échapper
pour un temps à la nuit. »
Une femme
complexe jusqu’à la dernière phrase de ce livre…une femme qui finalement se
laisse apprivoiser peu à peu.
Je note que l'auteur, un homme, s'est glissé parfaitement dans le peau d'une femme, pour en dresser un portrait subtile, sensible, et tout en nuance.
Je remercie
chaleureusement les éditions Christian Bourgois pour l’envoi de ce livre et la
confiance qu’ils m’ont témoignée.
Le journal de la veuve, Mick Jackson
Christian
Bourgois (09/02/2012)
272 pages
4ème de couverture :
Une femme,
veuve depuis peu, s'enfuit de sa demeure londonienne pour s'installer dans le
Norfolk. Loin des quelques proches dont elle ne supportait plus la fausse
complaisance, elle trouve refuge dans une petite maison de pêcheurs, et
réapprend à vivre seule.
Son
quotidien se partage entre la rédaction d'un journal auquel elle confie ses
réflexions, les excursions qu'elle entreprend sur la côte et les moments passés
au pub, sous le regard étonné et réprobateur des habitants du village. À mesure
qu'elle reprend le contrôle de sa vie, elle se penche sur son mariage :
idyllique en apparence, il se révèle en réalité porteur de lourds secrets.
Mick Jackson
campe avec finesse et causticité ce personnage féminin complexe, résigné et
rebelle, sombre et drôle.
A propos de l'auteur :
Mick Jackson
est né en 1960 à Great Harwood dans le Lancashire. Il a suivi des études de littérature à l'école Queen Elizabeth de Blackburn. Il a travaillé dans des
petits théâtres locaux avant d'étudier les arts vivants au Dartington College
of Arts. Il a joué dans le groupe de rock The Screaming Abdabs. Puis, en 1990,
il a suivi un cours de creative writing à la University of East Anglia et a
commencé l'écriture de The Underground Man, publié en 1997, qui a figuré sur la
dernière sélection du Booker Prize et a été récompensé par le prix Whitbread du
meilleur premier roman. Il est également l'auteur de Cinq garçons et d'un
recueil de nouvelles paru en 2006. Sous le pseudonyme de Kirkham Jackson, il a
par ailleurs écrit un scenario pour le téléfilm Roman Road. Il vit actuellement
à Brighton.
L'avis de Jostein car nous l'avons lu ensemble.
Escale anglaise pour le challenge Voisins-voisines proposé par Anne
Pour le challenge le nez dans les livres de George, pour le mot journal.....
Un avis plutôt positif. Il est vrai que l'on comprend en fin d livre où la narratrice voulait emmener son lecteur.
RépondreSupprimerVoilà qui m'intéresse !! Merci pour cette liste de Grande-Bretagne :)
RépondreSupprimerUn livre qui risque de me plaire, je prends note.
RépondreSupprimerMerci pour cette belle chronique.
Bonne soirée !
Malgré son manque d'action, je remarque que tu lui as mis 4/5, je le note donc dans ma LAL ;)
RépondreSupprimerJe l'ai acheté aussi il y a quelques temps, je suis contente de lire ton billet, car je l'avais acheté un peu par hasard et là j'en ai une vision plus claire.
RépondreSupprimerMerci pour ta participation au challenge.